L’économie sud-africaine est entrée en récession, une première depuis 2009
L’économie sud-africaine est officiellement entrée en récession pour la première fois depuis 2009. Au premier trimestre, le PIB sud-africain s’est à nouveau contracté de -0,7%, après avoir déjà reculé au dernier trimestre 2016.
La menace qui planait sur l’économie sud-africaine s’est concrétisée : le pays est officiellement entré mardi en récession, une première depuis 2009, qui pourrait accentuer la pression sur les épaules de son président Jacob Zuma, déjà très controversé.
« L’économie sud-africaine est entrée en récession avec la baisse de 0,7% de son PIB au premier trimestre 2017 qui suit une contraction de 0,3% au quatrième trimestre 2016 », a noté mardi StatsSA, l’office national des statistiques sud-africain.
Le recul du premier trimestre de cette année a pour principale origine les faibles performances de la production électrique (-4,8%) et manufacturière (-3,7%). Le secteur tertiaire, en recul de 2%, contribue également à ces mauvais résultats.
Seuls les secteurs miniers (+12,8%) et agricoles (+22,2%) sont dans le vert, en forte reprise après une difficile année 2016.
Je n’avais pas réalisé que l’économie était dans un si mauvais état.
« C’est une surprise, je n’avais pas réalisé que l’économie était dans un si mauvais état », a commenté à l’AFP l’économiste Alan Hirsch, alors que les prévisions avaient anticipé une augmentation de 0,9% du PIB au premier trimestre.
« C’est la reprise dans le reste du monde, même le Brésil est sorti de la récession », a déploré en comparaison Alan Hirsch.
L’annonce de cette récession a immédiatement fait chuter le rand (-1,5% face au dollar), la très volatile devise nationale.
Enfermée dans une croissance atone depuis plusieurs années, l’Afrique du Sud avait jusque-là réussi à échapper de justesse à la récession, caractérisée par un repli du PIB sur deux trimestres consécutifs.
Les mauvais signes s’accumulent
Mais avec cette annonce, bien peu de signaux sont au vert pour l’économie sud-africaine.
Son taux de chômage a même atteint au début du mois son plus haut niveau depuis treize ans, avec 27,7% de la population active officiellement sans emploi.
Les fermetures d’entreprises se succèdent également dans ce pays qui fut la locomotive de l’industrie africaine.
Le constructeur automobile américain General Motors a récemment annoncé son intention de quitter le pays, où il possède plusieurs usines, tandis que le géant minier Anglo American compte supprimer 2 000 emplois dans deux sites du pays.
« La réalité, c’est que l’économie sud-africaine affiche depuis longtemps des performances bien en deçà de ce qui est nécessaire pour donner des emplois à sa main d’oeuvre croissante », a noté Dawie Roodt, un économiste indépendant.
Deux mois après le limogeage de Pravin Gordhan
Ces mauvaises nouvelles économiques surviennent deux mois seulement après le limogeage controversé du respecté ministre des Finances Pravin Gordhan.
Dans un remaniement d’ampleur, le président Jacob Zuma l’avait brutalement remplacé fin mars par Malusi Gigaba, un de ses proches. Deux agences de notation financière ont sanctionné cette décision en dégradant le pays (Standard & Poor’s puis Fitch).
Le chef de l’État est la cible de nombreuses critiques en Afrique du Sud pour son implication supposée dans diverses affaires de corruption qui affectent l’économie du pays.
« Notre économie est maintenant en lambeaux et c’est directement à cause du gouvernement de l’ANC (Congrès national africain), corrompu jusqu’à l’os et sans aucun plan pour notre économie », a immédiatement regretté mardi Mmusi Maimane, le chef de l’Alliance démocratique (DA), le premier parti d’opposition.
Conspué par ses opposants, le président Zuma affronte également une fronde au sein de son parti, l’ANC, qui s’inquiète de l’érosion du soutien populaire au parti de feu Nelson Mandela. Jusqu’à présent, il a cependant réussi à conserver son poste.
L’ANC élira son successeur à la tête du parti à la fin de l’année et devra trancher entre Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ex-patronne de l’Union Africaine soutenue par Jacob Zuma, et Cyril Ramaphosa, vice-président du pays au profil plus rassurant pour les investisseurs.
En 2008-2009, au cœur de la crise financière mondiale, le pays avait déjà connu trois trimestres consécutifs de récession. L’Afrique du sud est la deuxième plus grande économie du continent à tomber en récession après le Nigeria en septembre.
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