El Hoceima : le gouvernement marocain justifie la répression dans le Rif
Devant les députés, le ministre marocain de l’Intérieur a justifié mardi la récente vague d’arrestations qui a décapité le mouvement de contestation populaire dans la région du Rif, où les manifestations perdurent.
« L’État est mobilisé pour répondre aux revendications sociales et économiques de la population » dans la ville d’El Hoceima, a une nouvelle fois affirmé, mardi 6 juin, le ministre marocain de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, venu au Parlement pour répondre aux questions des députés.
Les nombreux chantiers lancés ou relancés ces derniers mois par le gouvernement dans la région du Rif, secouée depuis sept mois par un mouvement de contestation, « répondent à 90% des demandes de la population », a vanté le responsable, reprenant le discours de l’exécutif qui promet d’en faire un « pôle de développement ».
« Faire respecter la loi »
« L’État n’avait d’autre choix que de faire respecter la loi », a par ailleurs justifié le ministre de l’Intérieur, en réaction aux manifestations quotidiennes qui ont lieu depuis dix jours dans cette région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée, dans les villes d’El Hoceima et Imzouren.
Ces trois derniers jours, les manifestants sont passés de plusieurs milliers à quelques centaines de participants et les rassemblements se déroulent sous une forte présence policière. Les arrestations se sont faites dans la « transparence et le respect de la présomption d’innocence », tandis que la presse n’a eu à subir « aucune entrave » dans sa couverture des événements, a estimé Abdelouafi Laftit.
Selon un dernier bilan officiel, la police a mené 87 arrestations, parmi lesquelles celles de Nasser Zefzafi, le leader de la fronde, qui a été placé en détention provisoire dans la nuit de lundi à mardi. Trois autres membres du « Hirak », dont le journaliste-militant Mohamed Asrihi, animateur du compte Facebook Rif24 (l’une des voix du « hirak » sur les réseaux sociaux), ont été interpellés, ont indiqué à l’AFP les autorités locales.
Appel au dialogue
« Malgré les efforts fournis par l’État pour répondre positivement aux différentes demandes des habitants, l’obstination de certains de continuer à manifester quotidiennement pose question », a poursuivi Abdelouafi Laftit.
« Qui a intérêt à ce que la porte du dialogue ouverte par le gouvernement soit fermée ? », s’est-il interrogé, dénonçant les « agissements » de « certaines parties » sur les réseaux sociaux et de ceux qui voudraient « faire perdurer le mouvement ».
Son intervention a néanmoins été contestée par deux députés, intervenus en séance. « Le ‘Hirak’ est un mouvement pacifique, qui s’est toujours montré exemplaire. Les accusations selon lesquelles il servirait un agenda extérieur sont fausses », a rétorqué un représentant du parti Istiqlal, appelant à la « libération des détenus » et à un « véritable dialogue ».
Un député du Parti justice et développement (PJD, islamiste) a lui aussi rejeté les accusations de « trahison » lancées contre les manifestants, remettant en question la couverture des événements par les télévisions publiques et demandant aux responsables politiques de « jouer leur rôle » dans la gestion de la crise.
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