#BurnISISFlagChallenge : pourquoi la flamme s’est éteinte

Largement relayé dans les médias, le #BurnISISFlagChallenge – qui consiste, sur le principe du #IceBucketChallenge, à brûler un drapeau de l’État islamique (ISIS en anglais) en « nominant » plusieurs personnes – a pourtant fait un flop sur les réseaux sociaux. Explications.

Des Libanais brûlent le drapeau de l’Etat islamique devant le ministère de la Justice. © ANWAR AMRO / AFP

Des Libanais brûlent le drapeau de l’Etat islamique devant le ministère de la Justice. © ANWAR AMRO / AFP

Publié le 16 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Le mouvement est né de l’initiative de trois jeunes Libanais, qui ont mis le feu à un drapeau de l’État islamique, fin août. L’action se déroulait en public, sur la place Sassine de Beyrouth, et la profession de foi de l’islam qui figure sur le drapeau de l’EI avait préalablement été remplacée par une inscription indiquant "Pas de dieu pour le terrorisme".

Selon le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, les jeunes hommes souhaitaient ainsi protester contre les djihadistes de l’État Islamique après qu’ils eurent publié, le 28 août, la vidéo de la décapitation d’un soldat libanais. Le phénomène a ensuite été repris sur les réseaux sociaux, notamment par une vidéo sur Youtube qui a dépassé les 100 000 vues. L’homme qui y brûle un drapeau de l’EI désigne, à la manière du Ice Bucket Challenge,"le monde entier" pour participer au #BurnISISFlagChallenge, indiquant que "l’État islamique n’est pas l’islam et [qu’]il ne représente ni l’islam ni les musulmans". Plusieurs milliers de personnes ont ensuite répondu au "défi", principalement sur Twitter.

la suite après cette publicité

Emballement médiatique

la suite après cette publicité

Massivement relayé par la presse, du Monde au Whashington Post en passant par le britannique Daily Mail, le #BurnISISFlagChallenge n’a pourtant pas connu le succès qui lui a été prêté. Après quelques jours d’emballement sur Twitter, le phénomène s’est éteint. Le hashtag n’a été utilisé que 7 183 de fois entre le 30 août et le 15 septembre, passant de 2 000 mentions/jour à son apogée autour du 5 septembre à moins de 200 mentions par jour actuellement. Et les critiques qui se sont fait entendre, tant sur la Toile que dans les milieux politiques, ne sont pas étrangères à ce non décollage.

Brûler le drapeau avec la chahada est problématique pour tout musulman.

De fait, le drapeau de l’État islamique, ou ISIS en anglais, arbore la chahada, la profession de foi qui est un des cinq "piliers" de l’islam et que l’on peut traduire par "Il n’y a pas de vraie divinité si ce n’est Allah et Mahomet est Son messager". Brûler le drapeau avec ce texte est donc problématique pour tout musulman.

la suite après cette publicité

Les jeunes Libanais dont le geste est à l’origine du "challenge" ont pris le soin de remplacer la chahada par l’inscription : "Il n’y a pas de Dieu pour le terrorisme", et nombreux sont ceux qui ont suivi leur exemple. Mais tous n’ont pas pris cette précaution et beaucoup ont brûlé le drapeau "original" de l’EI, portant atteinte la profession de foi de l’islam, à l’instar de l’homme qui a lancé le "challenge" dans la vidéo Youtube citée plus haut.

"Insulte à la religion"

C’est pourquoi le ministre de la Justice libanais, Ashraf Rifi, a demandé à ce que les jeunes Libanais qui brûlent ce drapeau soient traduits en justice, dénonçant une "insulte à la religion musulmane" et une "incitation aux conflits interconfessionnels", selon le journal Asharq al-Aswat.

Sur les réseaux, certains partagent cet avis et s’opposent au nouveau "challenge", soit parce qu’ils jugent eux aussi que brûler un drapeau sur lequel est inscrite la chahada est une atteinte à la religion, soit parce qu’ils redoutent que le mouvement soit utilisé par ceux qui veulent s’attaquer à l’islam plus qu’à l’État islamique.

Malgré son relatif échec, ce mouvement a montré la volonté de nombre de musulmans à travers le monde d’exprimer – même maladroitement – leur rejet de l’État islamique. Les condamnations de l’EI émises par de nombreux dignitaires politiques et religieux ont semble-t-il trouvé un écho positif parmi la société civile.

________

Léo Philippe

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires