Maroc : les islamistes de Al Adl Wal Ihssane veulent descendre dans la rue en solidarité avec le Rif

La plus grande organisation islamiste du pays participera à une marche nationale prévue ce dimanche pour contrer la « hogra » (mépris) et la répression de l’État. « Le Maroc est sur un volcan « , prévient le chef spirituel de Al Adl Wal Ihssane.

Mohamed Abbadi, guide spirituel de la Jamaâ Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance). © YouTube/Chahed.TV

Mohamed Abbadi, guide spirituel de la Jamaâ Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance). © YouTube/Chahed.TV

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 7 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

L’organisation Al Adl Wal Ihsssane (Justice et bienfaisance) a annoncé sa participation à la marche nationale programmée dimanche 11 juin à Rabat en soutien au mouvement de contestation dans la province de El Hoceima. Dans un communiqué publié sur son site web, mercredi 7 juin, la plus grande organisation islamiste du pays (interdite mais tolérée par les autorités, NDLR) annonce qu’elle descendra dans la rue pour revendiquer « liberté, justice et dignité » pour les enfants de ce pays et protester contre « la hogra et la répression de l’État face aux revendications légitimes des manifestants ».

Depuis le début du mois de Ramadan, la ville de El Hoceima, chef lieu du Rif, connaît des manifestations quotidiennes qui ont donné lieu à quelques accrochages avec les forces de l’ordre. Des arrestations massives ont touché le Hirak, « mouvement » encadrant ces manifestations, dont le noyau dur est actuellement incarcéré à Casablanca. Une longue liste d’accusations pèse sur le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, et ses lieutenants dont « l’atteinte à la sécurité de l’État » et « l’obtention de financements étrangers en vue de porter atteinte à l’intégrité du royaume ». Les chefs du Hirak sont actuellement en détention provisoire sous enquête judiciaire.

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Depuis la mort de son chef spirituel Cheikh Yassine en décembre 2012, l’association Al Adl Wal Ihsane se fait beaucoup plus discrète. Mais elle n’en fourbit pas moins ses armes pour revenir sur le devant de la scène marocaine. Elle a fait des apparitions ponctuelles dans quelques manifestations en soutien à la Palestine et à des mouvements de grèves locaux. Mais sa plus grande mobilisation reste sa participation au Mouvement du 20 février, né dans le sillage des révolutions arabes de 2011, où elle a fait étalage de sa force de frappe. 

« La pression provoque l’explosion »

« Le Maroc est sur un volcan », a déclaré Cheikh Mohamed Abbadi, leader de la Jamaâ dans une vidéo postée sur le site web de l’organisation. « Il ne peut y avoir de stabilité sans justice. La justice est la base de la royauté. La pression provoque l’explosion », a-t-il clamé. Dans sa vidéo, le successeur de Cheikh Yassine a dénoncé « le régime despotique marocain », « sa prédation économique » et « l’asservissement de la classe politique ».

Lui-même issu de la région de El Hoceima, Mohamed Abbadi estime que le mouvement de contestation dans le Rif est le résultat de blessures historiques que l’État n’a pas su panser  et, pire, a même aggravé (gaz chimiques utilisés par le colonisateur espagnol, maladies cancéreuses, propagation du cannabis, exode des jeunes vers l’Europe…). « D’autres régions pourraient connaître la même contestation que le Rif. La rue marocaine menace d’exploser à tout moment si les sages de ce pays ne prennent pas les choses en main », a-t-il prévenu. 

Plusieurs sensibilités politiques et acteurs associatifs ont appelé à une marche nationale le 11 juin, essentiellement dans les rangs de la gauche. Dans un communiqué, la Fédération de la gauche démocratique (FGD) a appelé ses sympathisants à y participer massivement.

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