L’Algérie suspend provisoirement l’accueil du groupe de Syriens bloqués à sa frontière avec le Maroc

Depuis près de deux mois, un groupe de réfugiés Syriens est bloqué dans le désert entre le Maroc et l’Algérie. Le 2 juin, Alger avait annoncé leur accueil, avant de le suspendre « provisoirement » mercredi 7 juin.

Des réfugiés syriens à la frontière avec la Jordanie, le 4 mai 2016. © Raad Adayleh/AP/SIPA

Des réfugiés syriens à la frontière avec la Jordanie, le 4 mai 2016. © Raad Adayleh/AP/SIPA

Publié le 8 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

Une vingtaine de Syriens, dont une femme enceinte et plusieurs enfants, sont bloqués depuis deux mois en plein désert, dans une zone tampon à la frontière entre le Maroc et l’Algérie, à quelques kilomètres de la ville marocaine de Figuig. Le 2 juin, le calvaire devait prendre fin. À la suite d’un appel du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugies, Alger avait décidé d’accueillir le groupe de ressortissants syriens. Finalement, à peine une semaine plus tard, dans un communiqué publié le 7 juin, le ministère des Affaires étrangères algérien rétro-pédale, annonçant l’annulation « provisoire » du dispositif « mis en place pour l’accueil et la prise en charge du groupe ».

En début de semaine, plusieurs associations marocaines et algériennes de défense des droits de l’Homme avaient déjà tiré la sonnette d’alarme et dénoncé une éventuelle non-application de la promesse d’Alger. « Faudra-t-il que quelqu’un meure pour que les familles qui sont bloquées puissent obtenir de l’eau, de la nourriture, et la protection qui leur est due ? » s’interrogeaient-elles dans un communiqué commun.

Faudra-t-il que quelqu’un meure pour que les familles qui sont bloquées puissent obtenir de l’eau ?

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Le 5 juin, des représentants du Croissant-Rouge algérien, de l’antenne algérienne du HCR et des autorités locales de la wilaya de Béchar s’étaient bien rendus sur place, au niveau de la zone frontalière de Béni-Ounif, à quelques kilomètres du lieu où se trouvent les familles syriennes. Mais le transfert n’a jamais eu lieu, pour des raisons encore très confuses.

« Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) (n’a) pas été en mesure d’aboutir à une solution » s’est défendu le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif. De son côté, Amnesty International explique que les réfugiés, dont plusieurs souhaitent rejoindre des membres de leur famille déjà installés au Maroc, ont « choisi de rester du côté marocain de la frontière ». Pour d’autres militants algériens et marocains, cet échec est à mettre sur le compte d’un « conflit territorial larvé » entre les deux pays.

Indignation sur les réseaux sociaux 

Ce nouvel obstacle est d’autant plus inquiétant que les conditions de vie de ces réfugiés se sont aggravés ces dernières semaines. « Les réfugiés vont très mal, voilà trois jours que l’on n’arrive plus, du côté marocain, à leur faire parvenir de quoi boire et manger » s’était alarmé mardi 6 juin le docteur Zouhair Lahna, contacté par Middle East Eye.

Abrités sous des tentes dans un no man’s land près de Figuig, ces familles manquent de tout. Le 20 mai dernier, les images de leur camp de fortune secoué par une tempête de sable avaient été  amplement relayées sur les réseaux sociaux et avaient suscité de nombreuses réactions indignées.

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Depuis l’arrivée de ce groupe de Syriens en territoire marocain à la mi-avril, les deux pays se rejettent la responsabilité de leur expulsion. Pour Rabat, ces réfugiés avaient traversé le territoire algérien avant de tenter d’accéder au Maroc, tandis qu’Alger dénonçait une tentative de manipulation marocaine.

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