Mali : la grogne monte contre le projet de révision constitutionnelle

L’opposition et une partie de la société civile sont vent debout contre le projet de révision constitutionnelle, qui sera soumis à référendum le 9 juillet prochain.

Le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 29 octobre 2015. © Saurabh Das/AP/SIPA

Le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 29 octobre 2015. © Saurabh Das/AP/SIPA

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Publié le 9 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

Depuis son adoption par les députés à l’Assemblée nationale, le 3 juin dernier, la fronde monte contre le projet de révision constitutionnelle au Mali. Dans les rangs de l’opposition, dans les rues de Bamako, ou encore sur les réseaux sociaux, beaucoup protestent contre cette modification de la Constitution, qui sera soumise à référendum le 9 juillet prochain.

Jeudi 8 juin, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées contre ce projet à la Bourse du travail, à l’initiative du mouvement de la société civile « Trop c’est trop ». Au même moment, des représentants de partis politiques et de différentes associations s’étaient réunis à la Pyramide du souvenir, pour structurer la mobilisation en faveur du « non » au référendum.

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L’opposition dénonce « un renforcement » des pouvoirs du Président

Ce projet de révision de la Constitution de 1992 introduit plusieurs changements institutionnels. Le principal est la création d’un Sénat, dont un tiers des membres serait nommé par le président de la République et les deux autres tiers élus. La nouvelle loi fondamentale introduit aussi des mesures comme la nomination du président de la Cour constitutionnelle par le chef de l’État, ou l’interdiction pour les députés de changer de parti en cours de mandat.

« Ce texte ne fait que renforcer les pouvoirs du président de la République », dénonce Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition. Les opposants à Ibrahim Boubacar Keïta − qui devrait briguer un second mandat de cinq ans lors de la prochaine présidentielle, en 2018 – dénoncent aussi les modalités d’organisation de ce référendum.

D’après eux, celui-ci est organisé trop vite, en pleine saison des pluies, et ne pourra se tenir sur toute l’étendue du territoire national en raison de l’insécurité quotidienne qui prévaut dans de nombreuses régions du centre et du nord du Mali. « Notre Constitution actuelle stipule qu’un référendum ne peut être organisé s’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire, or cela est aujourd’hui le cas dans plusieurs zones du pays », estime Soumaïla Cissé.

Nouvelle manifestation samedi 10 juin à Bamako

Du côté du pouvoir, cette révision constitutionnelle est présentée comme le moyen de moderniser, enfin, les institutions de la République. « Plusieurs insuffisances ont été constatées depuis plus de vingt ans, explique une source à la présidence. En leurs temps, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré avaient déjà émis le souhait de réviser la Constitution mais n’avaient pu s’y atteler. Le temps est donc venu de résoudre ce problème fondamental. » Pour ses défenseurs, ce projet devrait également permettre d’accélérer l’application de l’accord de paix dans le Nord, notamment grâce au rôle accru qu’il devrait confier aux collectivités territoriales.

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À un mois du référendum, les opposants veulent maintenant mobiliser la population contre ce projet de révision constitutionnelle. Plusieurs associations ont ainsi appelé à une nouvelle manifestation samedi 10 juin à Bamako, pour dire « non » à la nouvelle Constitution.

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