Côte d’Ivoire : l’affaire Soro, suite (et fin)

C’est peu de dire que notre couverture de la semaine dernière intitulée « Guillaume Soro, une énigme ivoirienne » (voir JA n° 2943) n’a pas laissé les Ivoiriens indifférents.

Guillaume Soro à Dakar, le 17 février 2011. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Guillaume Soro à Dakar, le 17 février 2011. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

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Publié le 12 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

Beaucoup nous ont remerciés d’avoir dit tout haut ce que la plupart pensent tout bas et d’avoir rappelé ce principe fondamental : justice équitable et quête de la vérité concernent tout le monde, du citoyen lambda au dépositaire des plus hautes fonctions. D’autres, qui comptent manifestement parmi les supporters béats du président de l’Assemblée nationale, n’ont que très modérément apprécié « Docteur Guillaume et Mister Soro », l’éditorial rédigé par l’auteur de ces lignes. Inutile de revenir ici sur les « amabilités » qu’ils nous ont adressées. Ni sur les accusations de « complot » et de « coup monté » portées contre nous. Nous sommes évidemment ouverts à la critique et au débat. Mieux : nous les appelons de nos vœux.

La question est importante et mérite autre chose que des insultes et des accusations diffamatoires. Précisons quand même que, dans ce même numéro, nous avons interviewé Guillaume Kigbafori Soro (GKS) et donné la parole à ses proches et à ses partisans… Que disait notre éditorial ? Que les armes découvertes chez son directeur du protocole, à Bouaké, ont permis aux mutins – autrement dit à ses anciennes troupes – de remporter leur bras de fer contre le gouvernement. Qu’il s’agit là d’une affaire grave, de la goutte d’eau qui risque de faire déborder le vase. Ce qui est en cause, c’est le halo de suspicion qui, depuis longtemps, entoure l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo puis d’Alassane Ouattara.

Nous n’avons fait qu’appeler à la recherche de la vérité, en toute transparence et dans le strict respect du droit et de l’équité

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Quoi qu’en disent certains de nos confrères prompts à nous dispenser des leçons de journalisme – ce qui ne les a pas empêchés de reprendre, sans autorisation, l’édition concernée, contraignant le Conseil national de la presse ivoirienne à un salutaire rappel à l’ordre –, nous n’avons jamais écrit que GKS était coupable. Encore moins qu’il devait être arrêté. Nous nous sommes bornés à recenser les affaires dans lesquelles son nom a été cité. Rappelons qu’il a quand même été visé par un mandat d’arrêt international (au Burkina) et par un mandat d’amener (en France) – l’un et l’autre ultérieurement annulés. Bien sûr, comme de nombreux Ivoiriens, nous nous sommes interrogés sur son rôle dans les diverses mutineries fomentées par ceux qu’il a naguère dirigés. Et sur la présence de stocks d’armes à son domicile ouagalais ou à celui de ses proches. Bref, nous n’avons fait qu’appeler à la recherche de la vérité, en toute transparence et dans le strict respect du droit et de l’équité.

Pour certains, cette quête de vérité s’apparente à un crime de lèse-majesté, comme si le président de l’Assemblée était au-dessus des lois. Disons-le donc clairement : nous n’avons rien contre GKS, qui, de l’avis unanime (y compris donc de celui de ses adversaires), fut d’ailleurs dans le passé un bon Premier ministre, dans des circonstances pour le moins difficiles. C’est un homme politique compétent, intelligent, qui incarne une nouvelle génération de dirigeants ivoiriens. Raison de plus pour faire preuve d’exigence à son égard, surtout s’il venait un jour à briguer la magistrature suprême. Mais ne nous y trompons pas : les polémiques et l’emballement médiatique provoqués par notre couverture de l’événement sont, hélas ! révélateurs de ce qui attend la Côte d’Ivoire pour les trois prochaines années. La perspective de la succession d’Alassane Ouattara cristallise déjà les tensions. Et libère les ambitions. Dans ces circonstances, il est essentiel de savoir raison garder. JA poursuivra pour sa part sa mission, qui est d’informer et d’éclairer ses lecteurs en toute indépendance, comme nous le faisons depuis cinquante-sept ans. N’en déplaise à certains…

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