Maroc : arrestations et poursuite des manifestations à Al-Hoceïma

La police marocaine a procédé à quatre nouvelles arrestations dans le nord du Maroc, où le mouvement de contestation populaire se poursuit.

Une femme arbore le drapeau berbère lors d’une manifestation à Rabat en soutien au mouvement populaire dans la région du Rif, en mai 2017. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Une femme arbore le drapeau berbère lors d’une manifestation à Rabat en soutien au mouvement populaire dans la région du Rif, en mai 2017. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Publié le 11 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

« Il y a eu trois arrestations ces dernières 24 heures », a indiqué à l’AFP une source au sein de l’exécutif local. L’identité des personnes interpellées n’a pas été précisée.

Un activiste local a affirmé pour sa part que six personnes avaient été interpellées vendredi, « trois dans la ville d’al-Hoceïma, et trois dans des localités voisines ».

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Arrestation d’une figure du mouvement

Samedi après-midi, une figure connue de la contestation, El Mortada Iamrachen, a également été interpellée près de son domicile à Al-Hoceïma, a-t-on appris de source proche des protestataires. L’information a été confirmée dans la soirée à l’AFP par une source au sein de l’exécutif local.

Cet activiste, salafiste repenti, s’exprimait régulièrement dans les médias et incarnait l’aile modérée du mouvement, avec un discours pacifiste et moins intransigeant.

Une région « marginalisée »

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Al-Hoceïma est l’épicentre du « hirak » (la mouvance), le mouvement populaire qui revendique depuis sept mois le développement du Rif, une région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée qu’il juge « marginalisée ».

Ses principaux meneurs, dont son leader Nasser Zefzafi, ont été interpellés par la police depuis le 29 mai, après l’interruption par M. Zefzafi d’un prêche officiel dans une mosquée.

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« Atteinte à la sécurité intérieure »

Selon les derniers chiffres officiels, 86 personnes ont à ce jour été présentées à la justice, dont une trentaine ont été placées en détention préventive, accusées de lourdes charges, et notamment « d’atteinte à la sécurité intérieure ».

Selon la presse marocaine, les familles des détenus viennent de créer un collectif de suivi, avec comme principal objectif de « militer » pour leur libération.

Dans la rue, les manifestations se poursuivent depuis quinze jours à un rythme quotidien à Al-Hoceïma, ainsi que dans la localité voisine d’Imzouren, autre haut-lieu de la contestation. Elles ont lieu de nuit pour cause de ramadan, et se déroulent la plupart du temps sans incident.

Samedi soir, après la rupture du jeûne, un nouveau rassemblement s’est déroulé à Al-Hoceïma, mais avec une mobilisation en baisse par rapport à la veille, et non pas dans l’habituel quartier de Sidi Abed, verrouillé par les forces anti-émeutes, mais dans un quartier voisin, selon des témoins. Il n’y a pas eu d’incident.

Climat de vive tension

A Imzouren, ce sont au moins 500 personnes qui ont marché dans le quartier périphérique d’Ait Wa Omar, en bordure de montagne, a constaté un photographe de l’AFP.

Malgré un climat de vive tension au début face à un important dispositif policier, la manifestation s’est finalement déroulée sans violence, se terminant devant un hôpital en construction. « Nous sommes tous Zefzafi », « Etat corrompu », « Vive le Rif ». Ici comme ailleurs, les protestataires reprenaient les habituels slogans du « hirak », exigeant désormais la « libération des prisonniers ».

Imzouren avait été le théâtre d’affrontements la veille, ainsi qu’il y a une semaine.

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