Ghana : foot, rap et sacrifice humain
Très remarqué pendant les dernières Coupes du monde, le footballeur ghanéen Asamoah Gyan n’a pas quitté les feux de l’actualité. La rumeur lui prête de sombres desseins dans une affaire de sacrifice humain supposé.
Le sac de nœud médiatique qui tient en haleine les Ghanéens comporte tous les ingrédients d’un feuilleton rocambolesque : sport-roi, discipline artistique à la mode, pratiques bling-bling, rumeur de sacrifice humain, omerta familiale ou encore martyre journalistique. Au générique de ce thriller ouest-africain, se déploie un casting imparable de quatre personnalités. Le personnage central est le capitaine de l’équipe de football ghanéenne, Asamoah Gyan, largement médiatisé après les Coupes du monde sud-africaine et brésilienne, ancien attaquant du Stade rennais et actuel sociétaire du club d’Al-Aïn, à Abu Dhabi.
La personnalité dont la récente trajectoire constitue la ligne dramaturgique de ce mauvais film est le rappeur Castro, de son vrai nom Theophilus Tagoe. Depuis quelques semaines, le musicien et sa fiancée Jane Bandu sont portés disparus. Des rumeurs les disent morts et les forces de l’ordre supputent même une noyade consécutive à une séance de jet ski sur le Lac Volta.
Le troisième rôle du "feuilleton" est tenu par un mystérieux "prophète". Ebenezer Adarkwah Yiadom, remarqué lors de ses interventions télévisuelles, affirme qu’il en sait plus que la police sur le sort du musicien, entretenant le mystère afin de ne parler, selon lui, "qu’aux proches du rappeur, dans la sphère privée". Aussitôt que le "révérend" s’est exprimé, les rumeurs ont redoublé de vigueur.
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Il se trouve que Castro était en vacances avec Asamoah Gyan, à la station balnéaire de Ada, quand il a été vu pour la dernière fois. Le rappeur, le prophète et le footballeur constitueraient-ils le trio infernal d’une affaire de sacrifice humain ? L’un aurait-il été sacrifié au su du second, pour que le troisième accède à une fortune plus confortable ? La supposition ferait sourire si un journaliste du Daily Graphic ne s’y était pas attardé. Et voilà le quatrième protagoniste du feuilleton…
Au Ghana, football et magie noire semblent faire bon ménage.
Le 4 septembre, lors d’une conférence de presse précédant le match Ghana-Ouganda, Daniel Kenu demande à Asamoah Gyan où se trouve l’artiste Castro et s’il a été sacrifié à des fins rituelles. Pour toute réponse, le journaliste obtient le courroux instantané du footballeur qui l’aurait agressé physiquement si plusieurs personnes ne s’étaient pas interposées. Trois jours plus tard, c’est en cherchant une accréditation au Baba Yara Stadium que le journaliste est passé à tabac. Après une plainte déposée par l’Association des journalistes ghanéens, la police de Kumasi convoque Baffour Gyan et Samuel Anim Addo, respectivement frère aîné et manager personnel du capitaine des Black Stars. Arrêté, le premier est finalement libéré sous caution, après une visite de son attaquant de frère.
Au Ghana, football et magie noire semblent faire bon ménage. En juin dernier, c’est de la patrie d’Asamoah Gyan qu’un féticheur prétendait téléguider les blessures de Cristiano Ronaldo. Mais la disparition du rappeur Castro prête moins à sourire. La police ghanéenne suivra-t-elle la piste esquissée par le prophète Ebenezer, afin de dénouer définitivement l’écheveau de ce macabre feuilleton ? Si les forces de l’ordre considèrent le dossier comme clos, beaucoup de Ghanéens ont du mal à se ranger à leur avis. Lors d’une récente prestation des Black Stars, des jeunes envahissaient le terrain pour réclamer le corps du rappeur…
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Par Damien Glez
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