Burkina Faso : les acteurs du monde judiciaire sont en grève
Au Burkina, le monde de la justice observe depuis lundi une grève de 72 heures, afin de dénoncer la séquestration du personnel du palais de justice de Manga (Centre-Sud) par une foule furieuse réclamant la libération d’un prévenu, le 7 juin. Selon les grévistes, cet incident vient s’ajouter à une liste déjà bien longue d’événements comparables.
Les magistrats, greffiers et gardes de sécurité pénitentiaires burkinabè ont déserté les salles d’audiences des tribunaux lundi 12 juin. À l’appel de leurs syndicats respectifs, ils observent une grève de 72 heures, pour condamner « avec la dernière énergie la séquestration des acteurs judiciaires du palais de justice de Manga et autres violences perpétrées contre eux dans leurs locaux », nous explique un membre d’un syndicat de magistrat contacté lundi au téléphone.
Le 7 juin dernier, un justiciable visé par une plainte avait été placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de Correction de Manga, en attendant son jugement. Aussitôt, un groupe de manifestants avait marché sur le palais de justice et retenu le personnel durant plusieurs heures pour exiger la libération du détenu. Dans leur furie, ils avaient mis à sac le palais.
« On ne peut plus continuer à mettre en péril la vie de nos collègues, ce qui s’est passé à Manga est un acte grave. Nos collègues ont été séquestrés de 11h à 15h30 et nous dénonçons ces actes de violences », déplore le syndicaliste que nous avons contacté. D’après ce dernier, le mot d’ordre de grève a été scrupuleusement suivi dans les tribunaux et établissements pénitentiaires du pays, alors qu’un bilan à mi-parcours doit être établi mardi 13 juin par les organisateurs.
L’incident de trop, pour les syndicats
Les incidents survenus à Manga sonnent comme l’acte de trop, d’après les syndicats de magistrats qui égrènent dans une déclaration parvenue à JA une série d’incidents similaires, survenus d’après eux à Koupela, Diapaga ou encore la marche organisée devant le tribunal de Ouagadougou par l’activiste Safiatou Lopez en juin 2016 pour exiger le traitement diligent de « dossiers qui n’y étaient pas traités ». Dans le même texte, ces syndicats déplorent que « dans la majeure partie des cas où il a fallu que l’autorité politique assure et assume sa mission de sécurisation des acteurs judiciaires et de leurs locaux, ce n’est qu’après les dégâts que les forces de l’ordre ont pu être mobilisées ».
Face au tollé suscité par l’affaire au sein du monde judiciaire, le ministre de la Justice, René Bagoro s’est déplacé lundi à Manga pour jouer la carte de l’apaisement et apporter le soutien de l’exécutif au personnel. Condamnant fermement ces violences, il a indiqué que les actes de Manga ne resteraient pas impunis.
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