Union européenne : une Lady Pesc chasse l’autre

C’est l’Italienne Federica Mogherini qui, à partir du 1er novembre, dirigera la politique étrangère et de sécurité commune en lieu et place de la Britannique Catherine Ashton.

Federica Mogherini est la ministre italienne des Affaires étrangères. © ALBERTO PIZZOLI / AFP

Federica Mogherini est la ministre italienne des Affaires étrangères. © ALBERTO PIZZOLI / AFP

Publié le 19 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

"S’il n’y a plus de partenariat stratégique avec la Russie, c’est la faute de Moscou !" assène, à peine nommée, Federica Mogherini (41 ans), la ministre italienne des Affaires étrangères qui, le 1er novembre, succédera à la Britannique Catherine Ashton en tant que haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité (Pesc).

Le ton péremptoire de celle qu’on surnomme déjà Lady Pesctt s’explique : après sa rencontre avec Vladimir Poutine au début de la crise ukrainienne, un certain nombre de représentants des pays d’Europe de l’Est avaient dénoncé sa trop grande proximité avec Moscou, ce qui avait failli lui coûter sa nomination. Alors, elle compense !

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Une Romaine pure souche

En février dernier, à la surprise générale – dont celle de Giorgio Napolitano, le président de la République, fort circonspect quant à ses compétences -, cette Romaine pure souche au teint toujours hâlé (elle donne en permanence l’impression d’avoir passé la journée sur des skis) a accédé à la Farnesina, le Quai d’Orsay italien, alors que l’expérimentée Emma Bonino paraissait tenir la corde.

Elle est le prototype de cette "génération Erasmus" que Matteo Renzi, le nouveau président du Conseil, s’efforce de promouvoir. C’est d’ailleurs dans le cadre de ce programme européen qu’elle a soutenu, à Aix-en-Provence (sud de la France), un mémoire sur les rapports entre religion et politique en islam. Forte en thème, polyglotte (elle parle couramment trois langues) et diplômée en sciences politiques, elle est l’exact opposé de ces starlettes plus ou moins écervelées que Silvio Berlusconi nommait si volontiers à des postes ministériels.

Fille du réalisateur Flavio Mogherini, Fédé, comme l’appellent ses intimes, a depuis 1996 milité tour à tour dans les rangs des Jeunesses communistes, des Démocrates de gauche et du Parti démocrate (depuis 2001). Elle est l’épouse de Matteo Rebesani, chargé des relations internationales auprès de Walter Veltroni, le maire de Rome, et mère de deux fillettes.

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Élue députée du PD en 2008, elle est plus spécialement chargée des questions relatives à l’égalité des chances et aux relations internationales. Fan de voyages et de romans policiers, elle a contribué à l’adhésion du PD au groupe du Parti socialiste européen, à Strasbourg. En 2012, elle avait imprudemment estimé que Matteo Renzi avait encore "des progrès à faire".

Pas rancunier, celui-ci l’a choisie pour représenter l’Italie dans les instances de l’UE, ce qui lui permet de faire d’une pierre trois coups : il évince son grand rival Enrico Letta, ancien président du Conseil et europhile convaincu, promeut une femme et assure la présence de la gauche à un poste clé – la droite détient à la fois la présidence de la Commission européenne avec le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker et celle du Conseil européen avec le Polonais Donald Tusk.

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Mais Federica Mogherini ne se fait pas trop d’illusions. Elle sait que si elle a été choisie, c’est parce que les grandes puissances européennes sont convaincues qu’elle ne fera de l’ombre à personne. Et que la politique étrangère commune continuera de se faire à Paris, à Berlin et à Londres.

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