Maroc : 18 mois de prison ferme pour 25 manifestants à Al Hoceïma
Vingt-cinq manifestants et militants présumés de la fronde populaire qui secoue la région du Rif ont été condamnés à 18 mois de prison ferme, à l’issue de leur procès mercredi à Al Hoceïma, dans le nord du pays, a-t-on appris auprès de leur défense.
« Le verdict est tombé cette fin d’après-midi, 25 d’entre eux ont été condamnés à 18 mois de prison ferme », a annoncé Me Mohamed Ziane, mercredi 14 juin. Les sept autres, qui comparaissaient libres, ont été condamnés à du sursis et à des amendes, a-t-il précisé.
« Ce verdict est un refus patent de tout dialogue avec les contestataires », a par ailleurs déploré Me Ziane. « Cette triste décision est de nature à alimenter encore un peu plus la contestation, ce n’est pas du tout la bonne voix pour sortir de la situation », a-t-il estimé.
Selon l’avocat, « le verdict a été très mal accueilli dans la salle », « notamment par des cris de défiance du genre: ‘vous aviez une chance de vous réconcilier avec le Rif, vous n’avez pas su la prendre’ ».
86 personnes présentées à la justice
Ils étaient 32 jeunes, âgés de 18 à 25 ans, à comparaître devant le tribunal d’Al Hoceïma pour une audience qui a duré près de onze heures, jusqu’à l’aube mercredi 14 juin au matin, a indiqué à l’AFP Me Mohamed Ziane. Ils avaient été arrêtés il y a plus de deux semaines, lors de heurts dans la ville après une tentative de la police d’interpeller le leader de la contestation, Nasser Zefzafi, finalement interpellé le 29 mai.
« Ces jeunes sont accusés de troubles à l’ordre public, de rébellion, et de participation à un attroupement non-autorisé et armé, ils encourent jusqu’à deux ans de prison », a rappelé Mohamed Ziane. « Il y a parmi eux le cousin de Nasser Zefzafi, qui du fait de son nom a été particulièrement violenté » par les policiers, a-t-il accusé. « Le procès s’est néanmoins déroulé dans le calme, tout le monde a pu prendre la parole », a expliqué l’avocat, précisant que le verdict était attendu en fin de journée ce mercredi.
La province d’Al Hoceïma est secouée depuis octobre par un mouvement de contestation populaire qui dit lutter contre la « marginalisation » de cette région du Rif. La police a procédé depuis le 26 mai à plus d’une centaine d’arrestations, qui concernent les principaux meneurs de la contestation. Au total, 86 personnes ont à ce jour été présentées à la justice, dont une trentaine ont été emprisonnées, et sont accusées notamment « d’atteinte à la sécurité intérieure ».
Les manifestants exigent la libération des prisonniers
Depuis, la ville d’Al Hoceïma et des localités voisines sont depuis lors le théâtre de manifestations nocturnes quotidiennes pour exiger la « libération des prisonniers ». Elles se déroulent généralement sans incident, mais parfois dans un climat de vive tension alors que la police, omniprésente, tente de prévenir tout rassemblement. Des heurts ont cependant éclaté à plusieurs reprises, en particulier dans la ville d’Imzouren.
Ces rassemblements se sont poursuivis ces trois derniers jours, avec à chaque fois plusieurs centaines de participants, selon un militant sur place et des images diffusées sur les réseaux sociaux. Une source au sein des autorités locales a confirmé quatre arrestations, affirmant que « de façon générale la tendance des manifestations est à la baisse ».
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