Football : avis de tempête chez les Panthères du Gabon
Les internationaux gabonais sont en conflit avec la ministre des Sports pour des problèmes de primes. Le tout dans un contexte sportif tendu : les résultats sont mauvais – le Gabon a perdu (1-2) face au Mali le 10 juin lors des qualifications pour la CAN 2019 –, et l’investissement de Camacho, le sélectionneur espagnol, est jugé insuffisant.
Le football gabonais ne respire pas la joie de vivre, et le mal n’est pas nouveau. Après une CAN 2017 ratée, avec une élimination au premier tour, ce qui fait toujours genre pour le pays organisateur, les Panthères sont de nouveau au centre d’une polémique qui dure depuis le début du mois de juin. Quelques jours avant un match amical face à la Zambie à Libreville (0-0), une crise éclate entre les internationaux gabonais, en déplacement au Mali, et Nicole Assélé, la ministre des Sports. La raison ? Une affaire de primes.
Les joueurs exaspérés par les revirements de la ministre
À peine arrivés à Libreville, les joueurs apprennent que la ministre a décidé de diviser par deux la prime de présence, celle-ci passant de 1 500 000 F CFA (2 300 €) par match à 750 000 (1 150 €) par tête (soit 1 500 000 F CFA pour les deux matchs de juin), ce que les Panthères ont du mal à admettre. La prime de match face à la Zambie a quant à elle été fixée à 3 000 000 F CFA. Mais après la prestation franchement terne de la sélection nationale, Nicole Assélé annonce qu’elle ne versera au total qu’un seul million de prime de présence au lieu des 1 500 000 prévus. Et la prime de match est également revue à la baisse passant de 3 000 000 FCFA (4 600 €) à 1 500 000 FCFA (2 300 €).
Les joueurs finissent par plier, mais quand l’agent comptable arrive à leur hôtel, il leur annonce que seuls les dix-huit joueurs inscrits sur la feuille de match toucheront de l’argent, et à trois membres du staff technique sur onze. « Et la prime de match a été de nouveau baissée à 1 200 000 FCA (1 830 €). Les joueurs n’ont pas accepté que les autres joueurs retenus pour disputer cette rencontre mais ne figurant pas sur la feuille de match ne touchent rien. Et en signe de protestation, ils ont quitté l’hôtel où ils étaient réunis avec l’agent comptable du gouvernement, », explique un proche de la sélection.
Nicole Assélé a aussi annoncé que les primes dépendront des performances de la sélection
« Nicole Assélé a aussi annoncé que les primes dépendront des performances de la sélection, et qu’il n’était pas acceptable qu’un joueur qui ne joue pas ou ne joue que quelque minutes touche autant que celui qui a fait tout le match », ajoute-t-il. De son côté, la ministre n’a pour l’heure fait aucune déclaration officielle sur le sujet.
Un sélectionneur cher et pas assez impliqué
Toujours est-il que ces tensions s’accompagnent d’une situation sportive préoccupante. Le Gabon s’est incliné samedi 10 juin à Bamako face au Mali, lors des qualifications pour la CAN 2019. Une situation qui fragilise un peu plus l’Espagnol José Antonio Camacho, nommé sélectionneur en décembre dernier. L’ancien défenseur du Real Madrid n’a remporté aucun de six matchs qu’il a dirigés (cinq nul, une défaite), et son salaire – 67 000 € (43 950 000 F CFA) par mois – est jugé disproportionné par rapport aux résultats obtenus et à son investissement personnel.
Camacho n’assure pas vraiment le suivi des internationaux, qu’il ne connaît pas assez
« Il a très peu de contacts avec les joueurs, car il ne parle pas un mot de français. Il ne connaît pas bien le foot gabonais, et passe assez peu de temps à Libreville. Il n’assure pas vraiment le suivi des internationaux, qu’il ne connaît pas assez non plus. Il faudrait qu’il soit assisté par un entraîneur gabonais, qui pourrait lui être utile dans la relation avec les joueurs, dans ses choix. Mais il ne veut pas », d’après un ancien international qui a toujours ses entrées au sein de l’effectif actuel.
Celui-ci poursuit : « Il y a des joueurs qui en ont marre de venir en sélection dans ces conditions. Camacho n’est pas le seul responsable. À tous les niveaux, il y a des responsabilités. » Pierre-Emerick Aubameyang était absent lors des deux matchs de juin, ce qui a crispé en interne. « Mais virer Camacho, sous contrat jusqu’en décembre 2018, coûterait beaucoup trop cher… »
Précision :
Suite à la publication de cet article, Nicole Assélé, le Ministre de la Jeunesse et des Sports de la république gabonaise nous a fait parvenir la précision suivante :
Les primes de regroupement (ou convocation), différentes de celles des matches gagnés (qui varient là aussi selon qu’il s’agisse d’une rencontre amicale ou d’un match officiel) sont fixées par la Fegafoot et non pas par le ministère en charge des Sports. À chaque campagne des Panthères, il est fait obligation à la Fegafoot d’indiquer à la tutelle, le budget global et d’en fournir le plan d’utilisation.
Dans le cadre de la campagne relative à la première journée des éliminatoires de la CAN Total Cameroun 2017, le plan d’utilisation fait ressortir ce qui suit à propos des primes:
– Prime de regroupement : 2 millions de FCFA / joueur, pour 23 joueurs ; 2 millions pour 13 membres de l’encadrement technique et du staff médical. La prime de regroupement ou de présence, comme elle est désignée par votre collaborateur, a été intégralement versée aux bénéficiaires (joueurs comme encadreurs), soit 36 personnes. Sur sollicitation des joueurs agissant par souci de solidarité, le ministre a consenti à verser ladite prime à deux autres joueurs non prévus par le plan d’utilisation de la Fegafoot, mais convoqués par l’entraîneur national qui avait à cœur d’élargir son spectre de sélection suite aux forfaits de nombreux cadres des Panthères.
– Prime de match gagné: comme son nom l’indique clairement et comme cela se pratique partout dans le monde, il s’agit d’une prime attribuée à ceux qui figurent effectivement sur la feuille de match (joueurs et encadreurs).
Ainsi donc, pour le match amical contre le Ghana, elle a été fixée à 2,5 millions de FCFA pour chacun des 18 joueurs retenus par Camacho. Tout le staff technique y compris le médecin et le manager général (soit 7 personnes), leur prime a été également fixée à 2,5 millions de FCFA, alors que les six autres encadreurs devaient percevoir 1,25 million de FCFA chacun. Ce plan d’utilisation soumis à la tutelle par la FEGAFOOT a été scrupuleusement respecté. Toutes les primes ont été intégralement versées aux ayants-droits. Bien sûr que la poire a été coupée en deux, Gabon vs Zambie ayant été sanctionné par un score de parité.
S’agissant de Mali vs Gabon, perdu par les nôtres, tout naturellement aucune prime n’a été versée conformément à la norme en la matière. Toutefois, il est déjà arrivé qu’en cas de défaite, en guise de faveur une prime soit versée aux joueurs. Aussi, je mets au défi votre collaborateur de me prouver le contraire, tout comme je déments formellement ses allégations sur le départ d’un seul joueur de l’hôtel lors du regroupement de l’équipe nationale.
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