Nigeria : ce qu’il faut savoir sur Evans, le roi des kidnappeurs

Chukwudubem Onwuamadike, alias Evans, a été arrêté samedi 10 juin, à l’issue d’un échange de tirs intense avec les forces de l’ordre. Il était considéré jusqu’alors comme le kidnappeur le plus riche du Nigeria.

Des policiers en faction dans une rue à Abuja, au Nigeria. © Olamikan Gbemiga/AP/SIPA

Des policiers en faction dans une rue à Abuja, au Nigeria. © Olamikan Gbemiga/AP/SIPA

Publié le 16 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

Le samedi 10 juin 2017 est à marquer d’une pierre blanche pour les autorités nigérianes : Chukwudubem Onwuamadike, alias Evans, le kidnappeur le plus redouté du pays − on le surnomme « le roi du kidnapping » − a été arrêté dans l’une de ses maisons de Lagos, par les services de renseignement de la police (IRT). Capturé après « une longue et intense fusillade », selon le porte-parole des services en question Jimoh Moshood, Evans a ensuite dû affronter une foule de journalistes et de riverains.

Le Nigeria, gangréné par le phénomène des kidnappings, figure sur la liste des 11 pays les plus à risque dans ce domaine, établie par NYA International, une société de conseil en gestion des risques et des crises. Les autorités veulent donc voir dans l’arrestation d’Evans « le début de la fin du kidnapping au Nigeria », toujours selon Jimoh Moshood.

  • La naissance d’un délinquant

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Après avoir été accusé de voler une connaissance professionnelle de son père, ce dernier l’a renié. Ensuite Chukwudubem Onwuamadike a habité avec sa mère, jusqu’il ait assez d’argent pour se rendre à Lagos, rapporte le site VanguardLà-bas, il vend de l’essence le jour et dort dans un hangar de bus la nuit. C’est alors qu’il rejoint un gang.

Ayant accumulé suffisamment d’argent, Onwuamadike s’envole pour l’Afrique du Sud. Son séjour y est bref. De retour au Nigeria, il se lance à plein temps dans le kidnapping, sous une couverture de vendeur de pièces de rechange importées d’Afrique du Sud.

Les autorités nigérianes, explique Jimoh Moshood, se sont mises à le rechercher en 2013, lorsqu’il a dirigé la tentative de kidnapping de Vincent Obianodo, le patron du Young Shall Group, une entreprise de transport. Cette tentative s’était soldée par la mort de trois membres de son groupe de malfrats.

  • Une mécanique bien huilée

Evans fonctionnait avec deux groupes qui ne se rencontraient jamais, d’après Jimoh Moshood. Le premier se chargeait du kidnapping alors que le seconde s’occupait de convoyer la victime jusqu’à son lieu de détention. « Il pouvait garder ses victimes pendant six mois et ne jamais réduire la rançon », relate Moshood. Le Daily Post rapporte qu’une personne était même employée pour cuisiner pour les groupes ainsi que pour la victime.

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Evans utilisait une dizaine de téléphones portables pour contacter ses équipes, différentes plaques d’immatriculation, des fusils et des gilets pare-balles.

  • Une richesse estimée à plusieurs millions d’euros

Evans est considéré comme le kidnappeur le plus riche du Nigeria, selon le Daily Post. Rien de surprenant à cela quand on sait qu’il avait obtenu 10 millions de nairas (28 446 euros) contre la libération de Paul Cole, directeur de Ocean Glory Commodities, et de son directeur général, Jude Ugoje, en 2012. C’était l’un de ses premiers enlèvements. Ensuite les rançons exigées ont augmenté pour attendre un million de dollars par victime − monnaie privilégiée par Evans − comme celle de James Uduji, le président de Cometstar Cable, et celle d’Uche Okoroafor, un commerçant à Alaba International Market, tous deux enlevés en 2015 à des moments différents. 

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Au total, il aurait enlevé au moins 13 personnes, la plupart des citoyens du Nigeria, selon le Daily Post.

  • Une vie de nabab

Evans n’était pas économe de ses millions. Selon le quotidien This Day, il aurait reconnu avoir « acheté ses deux maisons à Magodo pour 366 555 euros et 197 396 euros », et être le propriétaire de « deux maisons, chacune avec quatre chambres, au Ghana ».

Les autorités nigérianes l’ont également trouvé en possession de 10 fusils, 1 000 cartouches d’AK47, une dizaine de portables et une montre d’une valeur de 143 480 euros.

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