Boko Haram : le Nigeria entre la peste et le califat

Sous la houlette d’Abubakar Shekau, leur chef, les jihadistes de Boko Haram ne se contentent plus de raids ponctuels. Ils ont entrepris de conquérir le nord-est du pays.

Abubukar Shekau, le chef de Boko Haram, menace de prendre la ville de Maïduguri. © AFP

Abubukar Shekau, le chef de Boko Haram, menace de prendre la ville de Maïduguri. © AFP

Publié le 9 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

C’est toujours le même scénario : les jihadistes sont là, bien au chaud dans leur cachette (une forêt ou un massif montagneux), leur pouvoir de nuisance est connu, mais quand ils se décident à gagner du terrain, ils semblent inarrêtables. Cela s’est vu au Mali en 2012 et en Irak il y a quelques mois. C’est désormais une réalité nigériane.

Longtemps cantonnés dans la forêt de Sambisa, d’où ils lançaient des offensives ravageuses mais ponctuelles dans les environs tout en commanditant des attentats jusqu’à Abuja, les hommes de Boko Haram ont de nouvelles ambitions. Sous la houlette d’Abubakar Shekau, leur chef, ils ont entrepris de conquérir des pans entiers de l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria.

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Leur avancée est fulgurante. Fin août, ils ont pris plusieurs localités proches de la frontière avec le Cameroun, parmi lesquelles Gwoza (200 000 habitants), que Shekau a, le 24 août, placée sous l’autorité d’un "califat islamique". Le 1er septembre, ils ont attaqué Bama, la deuxième ville de l’État, qui compterait près de 300 000 habitants, et qu’un millier de soldats étaient censés défendre.

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Psychose à Maiduguri

Quatre jours plus tard, le sort de la cité n’était toujours pas connu. Témoins et autorités locales affirmaient qu’elle était tombée entre les mains des jihadistes. L’armée, de son côté, assurait qu’elle la tenait toujours. Mais l’état-major s’est fait une spécialité, ces derniers temps, de nier l’évidence… Dernier coup de théâtre, le 8 septembre, quand le porte-parole du ministère de la Défense, général Chris Olukoladé, a déclaré sur Twitter : "Je suis heureux d’apprendre que l’armée a repris le contrôle de Bama". Info ou Intox ?

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Quoi qu’il en soit, Bama n’étant situé qu’à 70 km de Maiduguri, la capitale de l’État, la psychose a gagné cette métropole de 1 million d’âmes. Un couvre-feu y est imposé, et les milices d’autodéfense affûtent leurs armes. Tout laisse à penser qu’il s’agit là de l’objectif de Shekau. C’est à Maiduguri que Boko Haram a vu le jour au début des années 2000, et c’est dans cette ville que Shekau a grandi. Ses hommes en avaient été chassés il y a un an.

Face à cette offensive, les autorités nigérianes appellent la communauté internationale à l’aide. L’armée ne le reconnaîtra pas, mais elle semble aujourd’hui incapable de refouler Boko Haram. À l’image des civils qui, fuyant les massacres, affluent au Cameroun, au Tchad et au Niger, il est fréquent, depuis des mois, de voir les soldats détaler plutôt que combattre. Amnesty International estime que, depuis le début de l’année, cette guerre a fait plus de 4 000 morts.

Source : The Economist

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