Najat, Christiane et la France rancie

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Publié le 8 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Après Christiane Taubira, c’est donc au tour de Najat Vallaud-Belkacem. Désormais, en France, on peut dire, à propos des Noirs, des Arabes, des musulmans, des Roms, ou des homosexuels, entre autres, les pires insanités sans que personne, ou presque, ne s’en émeuve. Les dérapages, ceux qui visent l’Autre, disons, pour simplifier, celui qui n’est ni occidental, ni chrétien, ni hétérosexuel, ni mâle, ni blanc – ce qui fait tout de même beaucoup de monde -, se multiplient dangereusement. Et les tribuns de l’intolérance, les Alain Finkielkraut, Éric Zemmour et autres Élisabeth Lévy, à qui les médias déroulent le tapis rouge dans leurs colonnes ou sur leurs plateaux, s’arrogent non seulement le droit de déverser leur fiel au prétexte qu’ils ont "mal à leur France" surannée, mais, comble du cynisme, ont aussi l’outrecuidance de se poser en remparts courageux contre ce qu’ils appellent le "politiquement correct", dénonçant les lobbies du "droit-de-l’hommisme" et de l’antiracisme. On croit rêver…

Les éruptions racistes du quidam peu éduqué ou de l’extrême droite, on connaissait. Les couvertures odieuses de Minute, également. Mais voici que la droite républicaine et ses dirigeants cautionnent sans vergogne – quand ils n’y participent pas eux-mêmes – ce déferlement d’attaques nauséeuses. Merci Sarkozy, Copé, Hortefeux, Guéant et consorts… L’hebdomadaire Valeurs actuelles, dont on ne peut guère dire qu’il porte bien son nom, se livre ainsi à une véritable course à l’échalote avec son alter ego extrémiste. Dernière "performance" en date ? La une consacrée à la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, avec ce titre : "L’ayatollah". Une femme, qui plus est jeune et d’origine marocaine (donc musulmane), qui a défendu, c’était son job en tant que porte-parole du gouvernement, le mariage pour tous et fait de l’égalité son principal cheval de bataille : difficile de cumuler autant de tares aux yeux de nos chantres d’une France rancie. Que ne fût-elle noire et mariée à un Tzigane !

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Un procès en illégitimité fondé, donc, sur ce qu’elle serait ou représenterait, et non sur ce qu’elle fait. Le filon de la haine, qui consiste à jouer sur les peurs – islamisation rampante, invasion des étrangers, etc. – que l’on attise soi-même, et la chasse aux lecteurs ou aux électeurs de Marine Le Pen ont encore de beaux jours devant eux. D’autant que la classe politique républicaine, censée endiguer "la bête immonde", se trouve, faute de chefs et de visions dignes de ce nom, dans un état de déliquescence avancée. Signe des temps, les réseaux sociaux, qui servent souvent, il est vrai, de déversoir à tout et n’importe quoi, pullulent de commentaires aussi catégoriques qu’abjects, qui en disent long sur ce que devient insidieusement la "Douce France" de jadis : un pays inquiétant.

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