Algérie : « Achour el Acher », la série la plus regardée pendant le Ramadan
De retour après une pause d’une année, « Achour el Acher » est le programme télé le plus populaire en Algérie en ce mois sacré. Une satire politique en phase avec son temps.
Les sociétés de mesure d’audience sont unanimes : comme en 2015, « Achour el Acher » est la série la plus regardée en Algérie pendant le mois de Ramadan. Chaque soir, à partir de 20h45, plus de 18% des téléspectateurs se branchent sur la chaîne privée Echourouk pour suivre les tribulations du Sultan Achour et de sa famille, qui règnent sur le royaume achourite.
Les ingrédients du succès de cette fiction, qui boucle sa deuxième saison ? D’abord, la présence au casting de certaines têtes d’affiche, appréciées par le public algérien. Souhila Mallem, révélée dans « Bibiche et Bibicha », une autre comédie qui cartonne durant le mois de Ramadan, a intégré l’équipe. Elle donne la réplique à Salah Aougrout, toujours aussi excellent dans le costume du suzerain capricieux.
Sujets brûlants
Mais la série séduit surtout par son ton libre et décalé. Sous ses airs de feuilleton historique à la « Harim Sultan », la saga turque qui retrace le règne de « Soliman le magnifique », « Achour el Acher » est en réalité une satire politique en phase avec son temps. Les auteurs de la série abordent avec un humour décapant des sujets brûlants tels que la drogue, les fuites au bac ou encore les défaillances du système médical en Algérie.
Un anachronisme assumé par le créateur de la série. « Il y a un décalage voulu et recherché entre le cadre historique et les thèmes évoqués et le langage contemporain. Les dialogues sont écrits en darija [dialecte algérien, NDLR] », confie Djaffar Gacem, réalisateur et producteur de la série, qui dit s’être inspiré de la série française « Kamelott ». « Achour el Acher se déroule durant l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane au Maghreb. Cette distance historique, doublé d’un côté humoristique, nous permet de tourner en dérision l’actualité », explique le fondateur de la société de production Prod’Art Films, qui dit bénéficier « d’une carte blanche du diffuseur ».
J’aimerais habituer les téléspectateurs à autre chose que des gags. C’est un risque, j’espère qu’il sera payant
Djaffar Gacem n’en est pas à son coup d’essai. À son crédit, plusieurs succès cathodiques ces quinze dernières années, parmi lesquels les comédies « Nass M’lah City » et « Djemai Family ». « J’ai un principe : après l’iftar, l’humour doit primer à la télévision », avance le réalisateur.
Tournure inattendue
Mais il est sur le point de faire une entorse à son style habituel. La fin de la deuxième saison d’ « Achour el Acher » va prendre une tournure inattendue. « Les personnages vont vivre des moments dramatiques. J’aimerais habituer les téléspectateurs à autre chose que des gags. C’est un risque, j’espère qu’il sera payant », révèle Djaffar Gacem.
Rendez-vous pour une saison 3 pour le savoir ? « J’ai reçu le feu vert des sponsors et de la chaîne. Mais ce n’est pas gagné. Il va falloir une écriture plus poussée pour maintenir le niveau ». Et rester numéro un dans le cœur des téléspectateurs algériens.
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