Réfugiés : le calvaire sans fin des mineurs isolés en France

À l’occasion de la  journée mondiale des réfugiés, fixée au 20 juin, l’Unicef revient sur la situation alarmante des mineurs étrangers en France et exhorte le nouveau gouvernement à se saisir rapidement de la question.

Des mineurs venus d’Érythrée lors de l’évacuation de la »jungle » de Calais, en France, en octobre 2016. © Emilio Morenatti/AP/SIPA

Des mineurs venus d’Érythrée lors de l’évacuation de la »jungle » de Calais, en France, en octobre 2016. © Emilio Morenatti/AP/SIPA

Publié le 20 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

En 2016, au moins 25 000 enfants ont effectué la traversée de la Méditerranée. Il s’agit du double du chiffre enregistré officiellement l’année précédente. Mais selon le dernier rapport de l’Unicef –  « Un périple meurtrier pour les enfants : la route migratoire de l’Afrique du Nord à l’Europe » – ces chiffres pourraient être trois fois supérieurs.

Sur la quarantaine d’enfants dont l’Unicef a recueilli le témoignage, trois sur quatre déclarent avoir subi des agressions et des harcèlements de la part d’adultes au cours de leur périple. Selon ces entretiens, beaucoup s’imaginaient que l’arrivée en Europe signerait la fin du calvaire. Des enfant, s’autorisant à rêver « comme les autres enfants » de sécurité, d’un foyer et du retour à l’école. Mais la réalité est sensiblement différente. Il y a la lenteur dans le traitement des dossiers, les faibles capacités des différentes structures d’accueil, mais aussi les procédures visant à établir la minorité des enfants avant toute prise en charge.

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« Le fait que la mise à l’abri ne soit pas toujours inconditionnelle et qu’elle soit uniquement dédiée à l’évaluation de l’âge et de l’isolement renforce la vulnérabilité de ces jeunes et instaure des formes de méfiance à l’égard des institutions qui devraient pourtant les protéger », dénonce l’Unicef dans son rapport.

À Calais, l’errance des mineurs isolés

À Calais, dans le nord de la France, si la « jungle » a été démantelée, rasée, elle n’en est pas moins habitée. Et les dangers liés à l’isolement n’ont pas diminué, bien au contraire. Les associations de défense des droits des migrants estiment qu’une centaine de mineurs isolés vivent actuellement dans la rue, à Calais. Des situations d’errances renforcées par les renvois systématiques à la frontière franco-italienne selon la législation sur la réadmission des migrants, et qui favorisent l’exploitation et les mauvais traitements envers les enfants. Pour l’Unicef, il s’agit là de « violations graves et manifestes des droits de l’enfance ».

Certains défenseurs des droits de l’Homme parle d’une « véritable traque aux migrants »

Au-delà du déficit institutionnel, Calais voit se multiplier les témoignages pointant une recrudescence des violences policières. Migrants, journalistes ou encore responsables associatifs dénoncent notamment l’interdiction faite par la police de distribuer des vivres, de l’eau. Interdiction qui porte même sur la distribution de nourriture aux enfants. D’autres témoignages font état de jeunes gazés par les forces de l’ordre alors qu’ils dorment, de policiers qui frappent sans raison… Certains défenseurs des droits de l’Homme parle d’une « véritable traque aux migrants ».

Un appel lancé à Emmanuel Macron

À ce sujet, le 16 juin, le Bondy Blog a publié une lettre ouverte signée par des artistes, intellectuels, militants associatifs, politiciens, enseignants, pour lancer un appel au président Emmanuel Macron. Le même jour, onze associations actives à Calais ont également entamé un recours en justice contre l’État et la Ville de Calais, réclamant un traitement digne envers les migrants.

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Pour Sébastien Lyon, le directeur général d’Unicef France « Jusqu’à maintenant, les gouvernements successifs ont adopté une vision court-termiste. Les CAOMI, [centres d’accueil temporaires des mineurs isolés à la suite du démantèlement de Calais], sont aujourd’hui tous fermés, et 1/3 des enfants pris en charge ont disparus. Il est temps de mettre en place des solutions durables pour l’accueil des mineurs isolés. Nous sommes disponibles pour travailler avec les pouvoirs publics sur un vrai plan d’aide. »

Reste à voir comment va se positionner le gouvernement Macron qui plaidait volontiers, tout au long de sa campagne, pour un accueil décent : « Le devoir de l’Europe est d’offrir l’asile à ceux qui sont persécutés et demandent sa protection », pouvait-on lire sur le site d’En Marche… De nombreuses interpellations, donc, mais toujours pas de réaction.

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En attendant du côté de la société civile, des initiatives de solidarité se développent un peu partout, à l’image d’Utopia 56 qui lance un réseau d’hébergement citoyen pour les réfugiés et mineurs étrangers isolés. Ou encore le Refugee Food Festival qui invite des chefs étrangers à venir partager leurs talents dans des restaurants à travers toute l’Europe. Sans oublier les nombreuses distributions de repas organisées par des citoyens lambdas. Comme quoi « le délit de solidarité » en France n’a pas fini de frapper !

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