RDC : l’ONU suspecte des « autorités » d’armer une milice du Kasaï menant des attaques contre des civils

Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a accusé mardi des autorités de la RDC, sans préciser lesquelles, d’armer une milice menant d' »horribles attaques » contre les civils dans le Kasaï, au centre du pays.

Zeid Raad Al Hussein, le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, à Genève, le 6 juin 2017. © Magali Girardin/AP/SIPA

Zeid Raad Al Hussein, le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, à Genève, le 6 juin 2017. © Magali Girardin/AP/SIPA

Publié le 20 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

« Je suis consterné par la création et l’armement d’une milice, Bana Mura, qui soutiendrait les autorités dans la lutte » contre la rébellion Kamwina Nsapu, « mais qui a mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua », a déclaré, ce mardi 20 juin, Zeid Ra’ad Al Hussein, devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU réuni à Genève.

Un porte-parole de l’ONU a indiqué que l’identité des autorités qui avaient apporté leur soutien à cette milice n’était pas évidente à déterminer. Le Haut-commissaire a redemandé l’ouverture d’une enquête internationale sur les crimes commis dans le Kasaï, alors que le Conseil des droits de l’Homme devrait se prononcer jeudi 22 juin ou vendredi 23 juin, sur un projet de résolution en ce sens porté par Malte, à la demande de l’Union européenne. Un représentant des États-Unis a apporté ce mardi son soutien à la création d’une telle enquête.

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Le gouvernement congolais a proposé, quant à lui, une enquête conjointe. Le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, l’a réaffirmé lundi 19 juin. Si ce système existe déjà au cas par cas, sur demande du gouvernement, il n’a aboutit pour le moment à aucune procédure judiciaire, au grand dam des Nations unies. Face au projet soutenu par les Européens et les États-Unis à l’ONU, la Tunisie y présente une proposition proche de la volonté du gouvernement congolais ; une seconde option permettant de ménager les susceptibilités.

Massacres en série

Alarmé par les rapports faisant état d’atrocités et étant donné les difficultés d’accès pour aller dans le Kasaï, le Haut-commissaire a décidé, la semaine dernière, d’envoyer dans la région une équipe d’enquêteurs pour rencontrer des réfugiés ayant fui les violences. « Les réfugiés de plusieurs villages du territoire de Kamonya ont indiqué que les Bana Mura ont, au cours des deux derniers mois, tué, mutilé ou brûlé à mort des centaines de villageois et ont détruit des villages entiers », a affirmé Zeid Ra’ad Al Hussein.

Dans le village de Cinq, la milice aurait été mise en place par un « chef local bien connu, qui a fourni des machettes, des fusils de chasse et du carburant », a dit le Haut-commissaire, assurant que « des attaques similaires semblent avoir eu lieu dans plus de 20 villages à Kamonya au cours des deux derniers mois ». D’après l’ONU, de nombreuses victimes et des témoins ont déclaré que la milice « était organisée et armée par les autorités locales ».

« Les victimes ont également signalé que des membres des unités locales de l’armée et de la police congolaises, ainsi que des chefs traditionnels, étaient présents lors des attaques des Bana Mura, et ont déclaré que des agents de l’État étaient impliqués dans l’armement et la direction de la milice », a affirmé le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme.

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