« Mon premier Ramadan » : Lamine N’Diaye, ancien international sénégalais, témoigne

Très croyant, le franco-sénégalais Lamine N’Diaye a attendu de mettre un terme à sa carrière de joueur en 1993 pour observer scrupuleusement le Ramadan.

Lamine Ndiaye en janvier 2008 à Kumasi au Ghana. © Themba Hadebe/AP/SIPA

Lamine Ndiaye en janvier 2008 à Kumasi au Ghana. © Themba Hadebe/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 21 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

« Je viens d’une famille croyante et pratiquante. J’ai donc été sensibilisé très jeune à la religion. Mais j’ai attendu d’avoir mis un terme à ma carrière professionnelle, en 1993, pour faire le Ramadan totalement. Quand j’étais joueur, il m’arrivait de le faire un jour, deux jours, trois jours, mais pas plus. J’estimais que cela était difficilement compatible avec une carrière de sportif de haut niveau. J’avais demandé à Dieu de m’excuser, en lui faisant la promesse de faire le Ramadan du début à la fin une fois retraité des terrains.

Une image m’avait marqué, plus jeune, alors que je jouais encore au Sénégal. Lors d’un match amical, un joueur adverse, qui faisait le Ramadan, avait pris le ballon en plein ventre. Il était mal retombé et était mort un peu plus tard. Cela m’avait refroidi, et je ne voulais pas mettre ma santé en danger. Ce que je faisais, plutôt que de jeûner pendant un mois, c’est que je nourrissais une ou plusieurs personnes, comme cela est possible.

Quand on est sportif de haut niveau, on a l’habitude de beaucoup boire, et d’un coup, on ne peut plus le faire plusieurs heures par jour…

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Mon premier vrai Ramadan je l’ai donc fait en 1993. Je vivais à Mulhouse, en France, où je venais de jouer pendant huit ans. J’ai tenu, du premier au dernier jour, mais que ce fût difficile ! C’était en hiver, le soleil se couchait tôt et les journées n’étaient pas trop longue, mais quand même… Le plus dur, c’était de ne pas boire. Quand on est sportif de haut niveau, on a l’habitude de beaucoup boire. Et d’un coup, on ne peut plus le faire plusieurs heures par jour. J’ai souffert. Ne pas manger, c’était moins éprouvant… J’avais mal à la tête, je n’étais pas vraiment facile à vivre… Quand arrivait le moment de la rupture du jeûne, c’était une délivrance.

Même avec le temps qui passe, jeûner reste difficile

J’ai vite compris quelque chose : la journée, tu achètes beaucoup de nourriture pour le soir, mais au final, tu ne consommes pas tout. Après la rupture du jeûne, je ne peux pas aller dormir tout de suite. Je vais donc marcher un peu. Je suis un couche-tôt, ce n’est pas toujours facile pour moi d’attendre tard le soir pour manger et boire.

Pendant le mois de Ramadan, je râle, je ne suis vraiment pas bien, ça me rend nerveux.

Je me souviens que quand j’étais entraîneur du Cotonsport Garoua, une région du Cameroun où il fait très chaud, je souffrais beaucoup. Alors, je programmais les entraînements très tôt le matin. Et dès qu’il pleuvait, j’en profitais pour atténuer les effets du jeûne. Mais même avec le temps qui passe, jeûner pendant un mois est pour moi une épreuve physiquement très difficile. Pendant le mois de Ramadan, je râle, je ne suis vraiment pas bien, ça me rend nerveux. Même si je vais au bout, je tiens le coup. C’est comme cela depuis 1993.

J’ai tout de suite compris, aussi, que respecter le ramadan avait des effets positifs, qu’il aidait à reposer l’organisme. J’ai un rapport personnel avec la religion, je n’ai jamais eu besoin de l’aide ou du soutien de quelqu’un pour faire le Ramadan. »

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