Al Masri Al Yom : « Bassita », une initiative égyptienne participative pour le développement
L’accès à l’eau potable est indispensable pour assurer à l’humanité une qualité de vie minimum. En Égypte, l’accès à l’eau reste toujours difficile dans de nombreuses zones. Pour tenter de faire face à cette crise, des bénévoles de la start-up « Bassita » ont lancé une initiative permettant de récolter des fonds grâce aux clics des utilisateurs de réseaux sociaux. Un article du journal égyptien Al Masri Al Yom.
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L’accès à l’eau potable est indispensable pour assurer à l’humanité une qualité de vie minimum. Dans de nombreuses régions et tout particulièrement dans les villages défavorisés de la Haute-Égypte, les Égyptiens peinent depuis de nombreuses années à trouver de l’eau, souvent contraints d’en acheter à des vendeurs ambulants qui sillonnent les zones en pénurie.
Dans le but de résoudre cette crise, des jeunes bénévoles de la start-up « Bassita » (qui signifie « simple ») ont lancé une initiative qui permet de récolter des fonds grâce aux clics des utilisateurs de réseaux sociaux.
Une initiative née des réseaux sociaux
Ce projet repose sur la tendance des Egyptiens à participer à des initiatives d’intérêt général, sur le nombre élevé d’utilisateurs de Facebook dans le pays et sur le temps important qu’ils passent à surfer sur les réseaux sociaux.
Le système fonctionne en utilisant les différentes interactions qu’on peut avoir sur ces sites. Par exemple, lorsqu’un utilisateur clique sur le bouton « j’aime » ou « partager » ou encore publie un commentaire sous un message de « Bassita », ces interactions sont converties en argent qui sera ensuite versé par les sponsors et les donateurs.
Cette initiative est purement égyptienne
L’équipe de « Bassita » appelle ce processus le « clickfunding » (financement par le « clic »), représentant un moyen de collecter de l’argent en cliquant sur un bouton. L’entreprise « Bassita » a été fondée par Salem Mesalaha, qui a passé la majeure partie de sa vie en France, et d’autres collaborateurs dont un ami à lui français.
Cette initiative est purement égyptienne explique Mesalaha : « nous n’avons pas besoin de copier l’Europe. Cette fois, nous avons inventé une méthode égyptienne qui sera, espérons-le, copiée par les Occidentaux ».
« Bassita » collabore avec des organisations à but non lucratif dans l’optique de créer une vidéo promotionnelle sur les initiatives d’intérêt général qu’elles souhaitent effectuer dans une région donnée ou pour des personnes qui ont besoin de dons afin d’améliorer leurs conditions de vie, leur santé ou leur éducation. Les vidéos sont présentées gracieusement par des célébrités qui parrainent le projet dans le but d’attirer l’attention d’un public plus large.
Une fois que l’entreprise s’est mise d’accord avec les sponsors et les donateurs de ces initiatives d’intérêt général sur le prix à payer pour un certain nombre de clics par utilisateur, la vidéo est publiée sur les réseaux sociaux.
Un clic, une interaction
Chaque action d’un utilisateur sur la vidéo marque un point jusqu’à ce que le nombre d’interactions visé soit atteint. Le nombre d’interactions est calculé à partir d’une barre de progression qui surveille le nombre des clics jusqu’à atteindre cent pour cent, précise M. Mesalaha.
Plus la communauté en ligne s’engage activement avec les vidéos promotionnelles à travers ses clics, plus les sponsors financent des initiatives à impact social
La barre de progression compte deux points pour un « j’aime », trois points pour un partage et cinq pour un commentaire, explique M. Mesalaha. Ces points se convertissent en une certaine somme d’argent que verse l’annonceur ou le propriétaire de la vidéo, généralement une initiative d’intérêt général.
Bref, plus la communauté en ligne s’engage activement avec les vidéos promotionnelles à travers ses clics, plus les sponsors financent des initiatives à impact social.
Ce concept convient à ceux qui veulent participer à des projets d’intérêt général, mais qui n’ont pas assez d’argent pour faire eux-mêmes un don. Ils pourront s’engager au prix d’un clic, c’est à dire par le biais du plus petit des efforts, ajoute M. Mesalaha.
L’aide de l’UNICEF
« Bassita » a participé avec succès à une campagne en collaboration avec l’UNICEF pour fournir de l’eau courante à mille maisons dans le sud de l’Egypte.
« Le bonheur qui se lisait sur le visage des gens à l’arrivée de l’eau dans leurs maisons pour la première fois était inoubliable », s’enthousiasme M. Mesalaha.
Six mois plus tard, l’eau courante était accessible dans mille maisons
« Bassita » a publié une vidéo en février 2016 avec l’acteur Maged al-Kedwany pour promouvoir l’idée du « clickfunding » grâce au hashtag #UnClicApporteDeLeau. La vidéo a touché plus de deux millions de spectateurs en seulement trois jours.
Six mois plus tard, l’eau courante était accessible dans mille maisons, selon l’Unicef, grâce à l’installation de conduits d’eau dans quatre provinces du sud de l’Egypte. Le projet, d’un montant de cent soixante dix mille dollars, comprenait un programme de sensibilisation à l’importance de l’hygiène.
Campagnes de bienfaisance
« Bassita » a participé à de nombreuses campagnes avec des organismes de bienfaisance visant à améliorer le rôle de la communauté dans les villes et les villages les plus pauvres. Une de ces campagnes a fourni des aliments et des couvertures à plus de sept mille familles en coopération avec des banques de bienfaisance. Une autre campagne a créé plusieurs écoles afin d’éduquer des enfants défavorisés, en coopération avec la fondation Misr El Kheir, et a fourni des lunettes pour cent personnes travaillant dans le tricot.
« En plus de recueillir les dons, « Bassita » vise à développer chez les Egyptiens, un sentiment d’empathie à l’égard des plus défavorisés et à encourager la philanthropie, ajoute M. Mesalaha. Nous ne faisons pas la promotion de la fondation elle-même, mais plutôt de la charité en tant que cause précieuse pour le développement de la société ».
« Bassita » prévoit de réaliser bientôt de nouvelles campagnes en coordination avec d’autres organismes d’intérêt général comme « Helm » (Rêve), pour faciliter l’accès à l’Université du Caire aux personnes ayant des besoins spécifiques, et une autre campagne avec l’association «Safarny» (Laisse moi voyager) pour éveiller les enfants à d’autres cultures.
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