Afrique du Sud : Moody’s s’inquiète du projet de révision du code minier
Dans un communiqué publié mercredi 21 juin, l’agence de notation Moody’s s’inquiète du projet de révision du code minier sud-africain. Selon l’agence de notation, les nouvelles dispositions envisagées pourraient augmenter les coûts d’exploitation et d’investissement des projets, ce qui entraînerait une dégradation des notes des compagnies minières du pays et, à terme, une baisse de la production.
Après Fitch Ratings, c’est au tour de l’agence Moody’s de s’inquiéter des conséquences négatives du projet de révision du code minier sud-africain. Le 8 juin dernier, le département des ressources minières d’Afrique du Sud a introduit un projet de révision de la charte minière, qui exige que les compagnies minières sud-africaines augmentent leurs parts d’actionnariat noir de 26% à 30%. Cette exigence, qui s’inscrit dans le programme Black Economic Empowerment (Développement économique des Noirs) est perçue négativement par Moody’s, qui estime qu’elle va contraindre les miniers à utiliser leur trésorerie ou à lever de la dette pour faciliter les transferts de capitaux.
« Nous nous attendons à ce que les actionnaires actuels n’acceptent pas une dilution supplémentaire de leurs participations », souligne Moody’s dans son communiqué.
Des fournisseurs sud-africains imposés
La révision du code minier envisagée par l’Afrique du Sud prévoit également de nouvelles conditions pour la fourniture d’équipements et matériels miniers, qui devront provenir à 70% d’entreprises sud-africaines. Parmi ces dernières, 44% devront être conformes au programme Black Economic Empowerment et 21% devront être détenues par un actionnariat noir.
Anglo American (Ba1 positive), AngloGold Ashanti (Baa3 positive), Gold Fields (Ba1 positive), Petra Diamonds (B1 positive), Sibanye Gold (Ba2 stable) et South32 (Baa1 stable) seraient affectés négativement si la révision de la charte minière était adoptée sous sa forme actuelle, selon Moody’s.
Un coût d’exploitation plus élevé à prévoir
De fait, les exigences supplémentaires du nouveau projet augmenteraient le coût d’exploitation de ces mines et tariraient les flux de trésorerie. Or, souligne Moody’s, une réduction de ces flux amputerait la capacité des sociétés minières à résorber leurs dettes ou à investir. Ces sociétés auraient ainsi plus de mal à développer l’exploitation de nouvelles réserves minières.
Pour Moody’s, l’augmentation des coûts pourrait faire sortir certains gisements de la catégorie des réserves prouvées (économiquement exploitable), augmenter le taux d’investissement du secteur et à terme, diminuer la production minière nationale.
Baisse de la capitalisation boursière
Suite à la publication du projet de révision du code minier, la capitalisation boursière des groupes miniers, qui avoisinait les 31 milliards de dollars, a perdu près de 2,5 milliards de dollars.
Moody’s estime toutefois que ce projet de révision n’est pas encore bien défini et reste ambigu sur plusieurs points. Sans compter que l’ANC, le parti au pouvoir, y a exprimé son opposition et pourrait obtenir son retrait, le temps d’organiser une consultation des parties prenantes.
Le 9 juin dernier, Moody’s avait annoncé avoir dégradé la note souveraine de l’Afrique du Sud, de Baa2 à Baa3, avec perspective négative. L’agence avait pointé l’affaiblissement du cadre institutionnel, des perspectives de croissance revues à la baisse et l’augmentation de la dette publique.
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