Côte d’Ivoire : les auditions de la CDVR ont débuté
Pendant deux mois, les victimes de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire vont être entendues lors d’audiences publiques organisées par la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR). Les audiences ont débuté lundi.
Les premières audiences publiques de bourreaux et de victimes de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire ont débuté lundi 8 septembre dans un luxueux hôtel d’Abidjan.
"Au musée des horreurs, nous voulons montrer aux Ivoiriens que nous sommes allés très loin", a déclaré le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, qui organise les auditions. La CDVR est louée pour avoir auditionné 63 000 témoins, mais a sélectionné 130 cas emblématiques.
"Ici on écoute. Ici on compatit. (…) On encourage à la vérité. Car il ne s’agit pas de cautériser, il s’agit de soigner la plaie en profondeur. On ne juge pas, on ne condamne pas", a-t-il lancé, solennel, en ouverture de la séance, dans une salle exiguë.
En Côte d’Ivoire, "c’est la première fois qu’un tel mécanisme existe. On ne dit pas qu’on a tout bon. Mais il faut nous laisser notre chance", a lancé Marie-Paule Kodjo, une cadre de la CDVR.
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Les journalistes n’ont pas pu assister aux auditions par souci de "protection" des victimes, à qui la commission a également demandé de ne pas parler à la presse.
La tâche de la CDRV est immense. La commission doit en outre composer avec une justice ivoirienne inféodée au politique, selon les ONG de défense des droits de l’Homme, qui dénoncent régulièrement une "justice des vainqueurs".
Devant la CDVR, "ceux qui ont des choses à reprocher aux pro-Gbagbo vont pouvoir s’exprimer sans problème", selon l’expert de l’ONU. Mais par crainte de représailles, "personne ne va se mouiller pour désigner les ‘Com’zones’", ces anciens chefs rebelles ayant aidé l’actuel président à conquérir le pouvoir, et placés à la tête des forces de sécurité, a-t-il commenté.
"Les victimes issues de tous les partis politiques sont venues. C’est bien équilibré", a rétorqué Marie-Paule Kodjo, reconnaissant que peu de "perpétrateurs" s’étaient à l’inverse déclarés à la commission.
Récemment interrogé, un cadre du régime avouait sans fard son scepticisme : "La CDVR? Mais pour quoi faire? Nous avons déjà la réconciliation."
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(Avec AFP)
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