Afrique du Sud : des quotas de joueurs noirs pour sauver un rugby en péril ?

En Afrique du Sud, la fédération de rugby a choisi de mettre en place une politique de quotas afin de favoriser l’intégration des joueurs et entraîneurs noirs dans les effectifs. Une question de survie, estime l’organisation.

Sélection sud-africaine face à l’Irlande en 2013. © AFP

Sélection sud-africaine face à l’Irlande en 2013. © AFP

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Publié le 8 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Le rugby, un sport réservé à la communauté blanche ? Peut-être plus pour longtemps. En Afrique du Sud, le talent de Brian Habana, rugbyman noir emblématique de l’actuelle sélection, ne suffit plus à cacher le manque cruel de mixité. Selon le quotidien Cape Times, la fédération sud-africaine de rugby (Saru) a la ferme intention de mettre en place une politique de quotas favorisant une "transformation raciale" afin de sauver un sport national "en péril".

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La Saru souhaite ainsi qu’en 2019, comme elle l’explique dans un rapport publié le 7 septembre, 50 % des Springboks et des joueurs des clubs membres du championnat national, la Currie Cup, soient noirs, contre 19% actuellement. Cette règle devra s’appliquer également aux managers (40%) et aux coaches (50%). De plus, dès 2015, 7 joueurs sur 23 de toutes les équipes du championnat du pays devront être de couleur noire, et il devra y avoir au moins 5 joueurs de couleur noire en même temps sur le terrain.

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Enfin, 80 % des joueurs recrutés par les académies devront également, à terme, être noirs. Le porte-parole de la Saru, Andy Colquhoun, a assuré que le document avait déjà été approuvé le 13 août dernier. La Saru avait déjà impulsé en 2013 une politique de quotas dans son Championnat des provinces, anti-chambre de l’élite dans laquelle chaque équipe devait dès lors compter au moins sept joueurs noirs sur la feuille de match, dont au moins deux avants, avec cinq d’entre eux au moins en tant que titulaires.

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"Pouvoir de transformation et de guérison inhérent au sport"

Néanmoins des voix se sont déjà élevées, critiquant le projet. Le porte-parole de l’AfriForum, organisation de défense des droits civils, Kallie Kriel, a ainsi déclaré soutenir le développement du rugby, mais a toutefois ajouté que "le système de quotas raciaux [pouvait] représenter un désavantage pour tous les joueurs talentueux de toutes les races".

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À l’heure actuelle, de nombreux observateurs, comme Chester Williams, joueur noir champion du monde avec les Springboks en 1995, estiment toutefois qu’il est urgent de transformer les structures du rugby en Afrique du Sud. Dans une lettre au quotidien Cape Times publiée vendredi 22 août, à la veille d’un match des Springboks contre l’Argentine, Desmond Tutu estimait notamment qu’il était "particulièrement blessant" de voir que les joueurs noirs restaient "des membres périphériques de la sélection à qui on ne donne jamais la chance de faire leurs preuves et de gagner leurs galons".

"Quand est venue notre libération, beaucoup de gens disaient que nous ne devrions plus jamais appeler notre équipe Springboks, car le nom même était trop douloureux. Mais d’autres, comme Nelson Mandela, ont reconnu le pouvoir de transformation et de guérison inhérent au sport", plaidait encore Desmond Tutu, qui a milité pour le maintien de l’équipe. "Aujourd’hui, après vingt ans, je déplore le rythme de tortue de la transformation au plus haut niveau" du rugby sud-africain, concluait le prix Nobel de la paix 1984.

Lors de son dernier match, perdu 24 à 23 face à l’Australie, seuls trois joueurs noirs, Cornal Hendrick, Bryan Habana et Tendai Mtawarira, ressortissant zimbabwéen jouant pour les Springboks, ont foulé la pelouse de Perth avec la sélection sud-africaine.

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Par Mathieu OLIVIER

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