« Investir en Tunisie » : grand oral pour le gouvernement de Mehdi Jomâa
Devant les acteurs majeurs du monde de l’économie, le gouvernement tunisien a entamé lundi, à Tunis, son grand oral du colloque « Investir en Tunisie, une start-up démocratie ».
Alors que les candidats à la présidentielle tunisienne ont commencé, lundi 8 septembre, à déposer leurs candidatures, c’est l’euphorie des grands jours en banlieue de Tunis, à l’hôtel Karthago Palace, devenu quartier sous haute surveillance. Économistes, entrepreneurs, hommes d’affaires et membres du gouvernement tunisien se pressent au colloque des "amis de la Tunisie", co-organisé par la Tunisie et la France.
Face à une trentaine de représentants de pays étrangers et d’instances internationales, de nombreux médias et plusieurs bailleurs de fonds (la Banque mondiale, le FMI, la Banque africaine de développement (BAD) ou encore l’Agence française de développement (AFD) et la Banque européenne d’Investissement (BEI), Mehdi Jomâa, chef de l’exécutif tunisien et son équipe présentent un plan de relance économique assorti de réformes avec pour objectif de susciter l’intérêt des investisseurs.
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Créer "un vrai État, un État citoyen"
L’économie ne nous a pas oublié !
"Nous avons oublié l’économie mais l’économie ne nous a pas oublié !", a lancé Mehdi Jomâa en soulignant la nécessité d’introduire un nouveau type de gouvernance et celle de créer "un vrai État, un État citoyen qui sera au service du citoyen et qui sera à même de prémunir le pays contre un retour probable de la dictature".
L’analyse de la situation en Tunisie et le train de réformes mis en place, présentés par le ministre de l’Économie et des Finances, Hakim Ben Hamouda, ont complété les propos de Jomâa en proposant une vision d’avenir.
En coulisses, Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) tirait la sonnette d’alarme : "La détérioration de l’Euro par rapport au dinar est préoccupante mais plus inquiétante est celle par rapport au dollar, monnaie de facturation du pétrole. Le déficit de la balance commerciale est d’un milliard de dinars par mois, il faut absolument réduire nos importations. Nous sommes à 115 jours d’importation en terme de réserves de devises et le commerce parallèle représente plus de 40 % du PIB".
Grands projets
Les Tunisiens n’en demeurent pas moins optimistes et comptent soumettre aux investisseurs privés présents, venus principalement des pays du Golfe, pas moins de 22 grands projets dont la construction du port en eaux profondes d’Enfidha, la réalisation d’infrastructures et l’amélioration de la gestion des ressources en eau et de l’énergie.
"C’est du déjà vu, ce sont, pour la plupart, des projets de Ben Ali revus et corrigés", s’agaçaient certains dans l’assistance tandis que Hassen Zargouni, patron du cabinet Sigma, concluait avec réalisme : "Pourvu ça permette la création de postes d’emploi en masse, seul objectif et seul rempart contre la violence politique".
Mais s’ils ont été sensibles à la situation économique de la Tunisie, tous les dirigeants présents semblaient n’avoir que le terrorisme comme préoccupation. "La Tunisie a vacillé mais elle a su surmonter les crises. La bataille contre le terrorisme n’est pas terminée. La meilleure réponse face à la violence et face au terrorisme c’est votre quête pour la démocratie et les libertés", a déclaré pour sa part le Premier ministre français, Manuel Valls, tandis qu’Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement Marocain, assénait : "Tous les amis de la Tunisie et tous les amis de la paix dans le monde souhaitent la sécurité, la démocratie et la stabilité. Aussi je m’interroge : qu’est-ce que la communauté internationale attend pour vous soutenir ? Le succès de la Tunisie sera l’échec du terrorisme".
Sécurité et stabilité
Nous souhaitons tous que la Tunisie soit un modèle et la success story du Printemps arabe.
Plus pragmatique, le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a affirmé "continuer l’action de coordination avec la Tunisie pour éradiquer le terrorisme et restaurer la stabilité. Les pays du Maghreb ont besoin de sécurité pour pouvoir avancer".
Comme ils le font depuis la révolution de 2011, "Les amis de la Tunisie" ont formulé également beaucoup de vœux pieux que résume parfaitement le message adressé par le Secrétaire général des Nations unies : "Nous souhaitons tous que la Tunisie soit un modèle et la success story du Printemps arabe."
Quoiqu’il en soit, les Tunisiens sont lucides. Leur appel à la communauté économique internationale ne sera sans doute entendu qu’après les élections législatives du 27 octobre et la présidentielle prévue à partir du 28 novembre, qui donneront une orientation précise au pays.
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