Côte d’Ivoire : une compagne de Guillaume Soro jugée pour « traite d’êtres humains » en France

Les noms de Guillaume Soro et de l’une de ses compagnes seront sur toutes les lèvres lundi au tribunal correctionnel de Nanterre. Cette dernière y est en effet jugée pour traite d’êtres humains : elle est soupçonnée d’avoir employé deux gardes d’enfants burkinabè sous la contrainte et contre une rémunération misérable.

Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne. © AFP

Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne. © AFP

Publié le 8 septembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Une compagne de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, est jugée,  lundi 8 septembre devant la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine), pour "traite d’êtres humains". Elle est soupçonnée d’avoir employé deux gardes d’enfants en région parisienne sous la contrainte et contre une trop faible rémunération.

>> Lire aussi : "Guillaume Soro, passion geek"

la suite après cette publicité

Les faits remontent aux années 2007 à 2010. Guillaume Soro, alors Premier ministre ivoirien, et une de ses compagnes ont un enfant, né en février 2006, atteint d’hémophilie. Ils organisent alors plusieurs séjours à Paris afin que le garçon soit soigné et demandent à cette occasion à une nourrice de les accompagner. Deux femmes, originaires du Burkina Faso, resteront respectivement six mois (d’avril 2007 à août 2008) et treize mois (d’octobre 2008 à mars 2010) en France à l’occasion de différents séjours.

45 euros par mois

"Elles pensaient ne devoir s’occuper que du jeune malade. En fait, elles se levaient à l’aube, travaillaient jusqu’à 23 heures et étaient en charge de toutes les tâches ménagères, des courses, des repas", raconte leur avocat, Me David Desgranges.

"Malgré des journées de travail considérables, elles n’étaient rémunérées qu’à hauteur de 45 euros par mois, ne pouvaient pas sortir librement, n’avaient aucun jour de repos et ne mangeaient que du riz ou les restes", ajoute-t-il.

la suite après cette publicité

>> Lire aussi : "Laurent Gabgbo règle ses comptes avec un livre pour "la vérité et la justice""

Les deux femmes subissent aussi "des humiliations verbales" et "des pressions constantes" : leurs papiers d’identité sont confisqués, leur salaire pas toujours versé, selon l’accusation. "Elles ont été maintenues dans un isolement relationnel, social et culturel et placées dans une situation de dépendance matérielle totale à l’égard de leur employeur", estime Me David Desgranges.

la suite après cette publicité

Jusqu’à sept ans d’emprisonnement

De son côté, la défense réfute cette description des faits. "Ma cliente n’a certes pas strictement respecté le droit du travail en omettant notamment de déclarer ses employées, mais je réfute toute atteinte à la dignité humaine", explique ainsi Me Jean-Paul Benoît. "Il est faux de dire que leurs passeports ont été confisqués. Elles se sont rendues plusieurs fois au Burkina Faso à cette époque et avaient tout loisir de ne pas retourner travailler chez cet employeur", ajoute-t-il.

>> Lire aussi : "Côte d’Ivoire : présidentielle 2015, les lièvres et la tortue"

Les deux victimes présumées avaient pris la fuite, l’une en août 2008 et l’autre en février 2010, et s’étaient adressées au Comité contre l’esclavage moderne qui avait signalé leur cas à la justice. La compagne de Guillaume Soro risque sept ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Les deux gardes d’enfant ont aussi réclamé respectivement 2 000 et 10 000 euros au titre de leur préjudice.

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires