Les ravages de l’opium des peuples

Dieu existe-il ? Il paraît que oui. Dans les religions monothéistes qui dominent le monde (le christianisme et l’islam), Dieu existe bel et bien.

 © Bernswaelez/cc/pixabay

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 30 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

Selon ses adorateurs, c’est non seulement l’être suprême, le Seigneur, mais aussi le créateur de tout ce que nous voyons, le sauveur de l’humanité. Quant aux polythéistes, rares aujourd’hui, ils adorent des dieux ayant chacun une spécialité.

En Afrique, nos ancêtres, qui ont été colonisés, ont épousé, bien malgré eux, le christianisme au détriment de l’animisme, le culte des ancêtres. D’autres se sont islamisés. Mais qui a vu Dieu ? Sans doute ces missionnaires européens qui semaient la « bonne nouvelle » dans mon pays natal. Grâce à eux, j’ai eu la chance extraordinaire de voir l’être suprême. C’était dans des livres publiés par les missionnaires. Poussé par la curiosité, je m’étais mis à les feuilleter. Dieu était un homme âgé, blanc, chauve, avec une longue barbe blanche, vêtu d’une tunique également blanche. Image à la fois impressionnante et terrorisante.

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Un dimanche, toujours mû par la curiosité, je suis allé à la mission catholique. J’ai vu un grand bâtiment en briques rougeâtres dans lequel les gens entraient. Je les ai suivis. Ils se sont assis. Moi aussi. Devant nous se dressait un autel sur lequel trônaient, notamment, des objets dorés. Et puis, il y avait ces vitraux où étaient représentés des personnages bibliques. La messe a commencé. À un moment précis, j’ai vu l’assistance quitter les bancs et se diriger vers l’autel. Je me suis levé à mon tour quand j’ai constaté que le célébrant plaçait sur la langue de chaque fidèle une rondelle blanche. Je fus servi comme tout le monde.

À la fin de l’office, je suis rentré à la maison. Fier de moi, je racontai tout à mes parents. J’ignorais un détail : pour communier il fallait être baptisé. Or je ne l’étais pas. Pris de panique, mes parents me ramenèrent à la mission catholique et expliquèrent à un prêtre ce que je venais de faire. Réponse de l’intéressé : « Comme c’est un enfant, ce n’est pas grave. » Me voilà sauvé du feu de l’enfer.

Finalement, je reçus le baptême à 11 ans. Le jour J, devant tous mes camarades, l’évêque auxiliaire qui nous avait enseigné le catéchisme se moqua de mes chaussures. Je me sentis humilié, et des larmes coulèrent le long de mes joues. À la fin de l’école primaire, je pris la décision d’aller voir l’évêque auxiliaire pour lui annoncer une bonne nouvelle : je voulais entrer au petit séminaire afin de devenir prêtre. L’homme ne me permit pas de dire un mot de plus. Il me chassa comme un chien. Quatre ans plus tard, à l’âge de 15 ans, je perdais définitivement la foi. Je n’ai jamais demandé à qui que ce soit de ne pas croire en Dieu ou d’y croire. La foi est une affaire personnelle.

Quel esprit sain peut penser qu’en se transformant en explosif ambulant on a une place réservée au paradis ?

Mais, depuis des années, à travers le monde, des faibles d’esprit, des illuminés, des fanatiques obtus, des jihadistes sanguinaires terrorisent l’humanité, fauchent des vies innocentes, y compris celles de leurs coreligionnaires, pour imposer une vision du monde. Nous voici revenus à l’ère des croisades. Et à celle de l’obscurantisme primaire. Car quel esprit sain peut penser qu’en se transformant en explosif ambulant on a une place réservée au paradis ?

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La pire des choses, c’est qu’aucun coin de la planète n’est épargné. Comment faire en sorte que l’humanité entière, celle qui prêche la tolérance et la fraternité, vienne à bout de ces hommes de haine ? L’Afrique est particulièrement menacée. Le jihadisme ne cesse de gagner du terrain, comme le démontre l’actualité récente dans plusieurs pays. Parole de mécréant, il est temps d’unir les efforts pour l’éradiquer. Conviction, détermination, méthode : voilà les armes idoines. Le laxisme serait suicidaire.

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