Maroc : Mohammed VI recadre ses ministres sur le projet de développement du Rif
Le roi du Maroc a fait part dimanche de sa « déception » à ses ministres pour le retard pris dans la mise en place du programme de développement lancé en 2015 dans la région du Rif. Huit mois après le début de la contestation dans cette région marginalisée, Mohammed VI a exigé d’accélérer les investissements prévus par le programme « Manarat Al Moutawassit ».
Le roi du Maroc est en colère, et une partie des ministres sont privés de vacances tant que les dossiers n’auront pas connu d’avancées significatives. Dimanche soir, à Casablanca, lors du premier Conseil des ministres depuis la nomination du gouvernement en avril dernier, Mohammed VI a dit « sa déception, son mécontentement et sa préoccupation » devant les retards accumulés dans la mise en place de l’un des principaux programmes de développement de la région du Rif.
Selon un communiqué du cabinet royal, le souverain marocain a critiqué ses ministres pour la non-exécution dans les délais impartis des projets prévus au titre du programme « Al-Hoceima : « Manarat Al Moutawassit » (« Al-Hoceima : le phare de la Méditerranée »). Ce programme, lancé en 2015 et qui doit s‘achever en 2019, est doté d’une enveloppe globale de 6,5 milliards de dirhams (près de 600 millions d’euros).
Un programme supposé répondre à «90%» des revendications du Rif
Selon l’État marocain, les projets d’infrastructures inclus dans ce programme répondent à « 90% » aux revendications des contestataires et il sera « achevé sans délai ». Mohammed VI a décidé de « ne pas autoriser les ministres concernés à bénéficier du congé annuel afin qu’ils assurent le suivi des projets mentionnés », précise le communiqué du cabinet royal.
Cette volonté royale affichée d’aller vite sur le dossier du développement de la région du Rif intervient alors que plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées par la police depuis le 26 mai. Les principaux meneurs de la contestation dans le Rif ont été interpellés et sont notamment poursuivis pour « atteinte à la sécurité intérieure ». En fin de semaine dernière, la Coalition marocaine des instances des droits de l’homme (CMIDH) a publié un rapport dénonçant la « répression » du mouvement de contestation, évoquant des « arrestations arbitraires » et des cas de « torture ».
« Éviter la politisation des projets sociaux et de développement »
Lors du Conseil des ministres de ce dimanche, Mohammed VI a donné pour consigne aux ministres de l’Intérieur et des Finances de « mener les enquêtes nécessaires à ce sujet », afin que les services de l’État « fixent les responsabilités et établissent un rapport dans les plus brefs délais ». Il a également insisté sur « la nécessité d’éviter la politisation des projets sociaux et de développement réalisés ou leur exploitation à des fins étroites », précise le communiqué du cabinet royal.
Autre dossier abordé lors de ce Conseil des ministres : l’adoption d’un projet de loi renforçant l’indépendance du pouvoir judiciaire, sur lequel Mohammed VI a demandé d’aller plus vite, et la nomination de nouveaux gouverneurs, notamment à Al Hoceïma.
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