La Tanzanie menace d’arrêter les défenseurs des droits des homosexuels

Le ministre tanzanien de l’Intérieur veut « arrêter et traduire en justice » toutes les organisations qui défendent les droits des homosexuels. Mwigulu Nchemba a également menacé d’expulser « sans le moindre délai » tout étranger pris à mener des campagnes pour le compte de ces organisations.

John Magufuli, alors candidat à la présidentielle, s’exprime à un meeting à Dar es-Salaam le 23 octobre 2015 © Khalfan Said/AP/SIPA

John Magufuli, alors candidat à la présidentielle, s’exprime à un meeting à Dar es-Salaam le 23 octobre 2015 © Khalfan Said/AP/SIPA

Publié le 26 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

« Je voudrais rappeler et avertir toutes les organisations et institutions qui font campagne et prétendent défendre les intérêts des homosexuels. Nous allons arrêter et traduire en justice tous ceux qui sont impliqués », a lancé dimanche 25 juin le ministre tanzanien de l’Intérieur, Mwigulu Nchemba. « Ceux qui veulent l’homosexualité devraient partir vivre dans les pays qui acceptent ce genre de pratiques », a-t-il ajouté dans un discours prononcé lors d’une cérémonie de levée de fonds pour la construction d’une église à Dodoma, dans le centre du pays.

Selon le quotidien gouvernemental Daily News, Mwigulu Nchemba a également prévenu que « s’il y a une organisation dans le pays qui soutient et plaide en faveur de l’homosexualité, elle perdra son enregistrement ». « Si nous trouvons un étranger menant cette campagne, il ou elle sera déporté(e) sans le moindre délai. Ils n’auront même pas le temps de retirer leur téléphone portable de la prise électrique », a-t-il par ailleurs menacé.

Ils nous ont apporté la drogue, les pratiques homosexuelles que même les vaches réprouvent

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Un discours qui fait directement écho aux récents propos du président tanzanien, John Magufuli. Jeudi 22 juin, celui-ci s’en était pris déjà aux organisations qui défendent les droits des homosexuels – mais aussi le droit pour les mères adolescentes de continuer leur scolarité. « Ceux qui nous enseignent des choses pareilles ne nous aiment pas, mes frères. Ils nous ont apporté la drogue, les pratiques homosexuelles que même les vaches réprouvent », avait alors déclaré John Magufuli. Il avait également exhorté les Tanzaniens à ne pas « imiter ces pratiques indignes ».

L’homosexualité illégale en Tanzanie

Le président tanzanien balaye également les menaces d’une éventuelle suspension des aides par les bailleurs, qui voient d’un mauvais œil les atteintes aux droits des personnes homosexuelles. « Vous, vous élevez du bétail ; mais avez-vous jamais vu une chèvre ou un porc se livrer à ce jeu ? Et ces gens veulent que les Tanzaniens s’y adonnent », a-t-il lancé dans son discours de jeudi dernier, jugeant par ailleurs que les Occidentaux « brandissent l’aide, mais ce sont les ressources qu’ils nous volent ! ».

L’homosexualité est illégale en Tanzanie, et punie de lourdes peines de prison. En février dernier, le gouvernement tanzanien avait déjà menacé de publier des listes de noms de personnes présentées comme homosexuelles. Menace qui, finalement, n’avait pas été mise à exécution. Mais dans le même temps, les autorités avaient ordonné la fermeture de plusieurs centres de santé dédiés à la lutte contre le sida, les accusant de promouvoir l’homosexualité.

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