Niger : une cinquantaine de migrants portés disparus dans le désert du Ténéré
L’armée nigérienne a secouru, dimanche, 24 personnes qui avaient été abandonnées par leur passeur en plein désert. Ces migrants, en route vers l’Europe via la Libye, affirment qu’ils faisaient partie d’un groupe de 70 à avoir pris la route. Les autres seraient morts.
C’est un nouveau drame qui s’est joué sur le chemin de l’exil vers l’Europe via la Libye. Dimanche, l’armée nigérienne a porté secours à « vingt-quatre migrants ouest-africains » qui avaient été « abandonnés par leur passeur », a annoncé Fatoumi Boudou, préfet de Bilma, dans le nord du Niger. Ces rescapés ont affirmé faire partie d’un groupe qui comptait au départ « 70 migrants à avoir embarqué à bord de trois véhicules à partir d’Agadez », a-t-il précisé à l’Agence France-Presse. Alors qu’ils étaient en plein désert du Ténéré, en route pour la Libye, les passeurs les ont abandonnés « sans eau ni nourriture ».
Plusieurs dizaines de cadavres de migrants ont été enterrés dimanche par des éléments des FDS (…) avec l’appui de la population
Les rescapés, actuellement pris en charge par les autorités nigériennes, ont affirmé avoir laissé dans le désert les corps sans vie des autres membres du groupe, mais sans pouvoir préciser le nombre. Des recherches ont été menées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) du Niger dans un rayon de 65 km autour du lieu où ont été découverts les rescapés. Une seule tombe a pu être découverte, à côté de laquelle les FDS ont retrouvé une carte d’identité d’un étudiant nigérian.
« Plusieurs dizaines de cadavres de migrants ont été enterrés dimanche par des éléments des FDS (…) avec l’appui de la population » dans la zone de Séguédir, a affirmé pour sa part une source sécuritaire citée par le journal en ligne Aïr Info, basé à Agadez. Par ailleurs, une radio locale d’Agadez a annoncé la découverte des corps de 52 personnes par les autorités.
Un flux continu, malgré la criminalisation des passeurs
Fin mai, 44 personnes, parmi lesquelles des bébés, avaient été retrouvées mortes en plein désert dans la région d’Agadez, sur la route menant à la Libye voisine. Le véhicule à bord duquel ils tentaient de rejoindre la Libye était tombé en panne. Sur le groupe, six personnes étaient alors parvenues à s’en sortir en marchant vers Achegour. Mi-juin, dans la même région, c’est un groupe d’une centaine de personnes qui avait été abandonné en plein désert par les passeurs. Ses membres avaient été secourus in extremis par les forces de sécurité nigériennes.
En mai 2015, le Niger a adopté une loi criminalisant l’activité des passeurs, qualifiée de « trafic d’êtres humains ». Les peines vont jusqu’à 30 ans de prison. L’activité des passeurs n’a cependant que peu baissé après l’adoption de cette loi. Selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 60 970 migrants ont été recensés dans les villes d’Arlit et de Séguédine, dans la région nigérienne d’Agadez, entre les mois de février et d’avril 2016.
Près de 72 000 personnes arrivées en Italie via la Libye
Mi-mai, l’Italie et l’Allemagne ont saisi la Commission européenne pour réclamer l’ouverture d’une mission de l’UE à la frontière Niger-Libye. L’objectif des deux pays est de fermer cette route migratoire en mettant en place « des programmes de développement et de croissance pour les communautés le long de la frontière », « une assistance technique et financière aux organes libyens chargés de lutter contre la migration clandestine » et en assurant la formation du personnel libyen à la lutte contre les trafics.
Selon les chiffres les plus récents (rapport du 21 juin 2017), l’OIM recense « 83 928 migrants et réfugiés arrivés en Europe par la mer » depuis le début 2017. Parmi eux, la grande majorité est arrivée en Italie, via la Libye pour l’essentiel. En 2016, sur la période de janvier à juin, l’OIM a recensé 56 382 arrivées en Italie et 2 449 décès en mer. Sur la même période, en 2017, ce sont 71 978 personnes qui sont arrivées en Italie en provenance de Libye. Et plus de 2 000 personnes ont été tuées en mer. Un chiffre qui ne comprend pas les morts du désert.
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