Racisme : Najat Vallaud-Belkacem, l' »ayatollah » et les rétrogrades français
On se doutait bien que la nomination de Najat Vallaud-Belkacem – une femme socialiste de 36 ans, née au Maroc – au ministère français de l’Éducation nationale, allait faire grincer des dents. C’est chose faite. La couverture du magazine « Valeurs actuelles », à paraître le 4 septembre, la décrit, sur fond noir, comme un « ayatollah » qui veut « rééduquer nos enfants ».
Le Maroc, l’Iran, l’éducation, la religion… La rédaction de l’hebdomadaire français Valeurs actuelles, finit par confondre beaucoup de choses, à force de manier les clichés. Et cette fois, c’est la toute nouvelle ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, qui en fait les frais.
>> Lire aussi : notre article sur Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El Khormi, les membres d’origine marocaine du gouvernement Valls II
Dans son édition à paraître jeudi 4 septembre, l’hebdomadaire classé (très) à droite, lui consacre sa couverture, la qualifiant d’"ayatollah", ministre de la "rééducation nationale".
Réservez et achetez dés demain le dernier numéro de @Valeurs sur cette idéologue qui veut "rééduquer" nos enfants. pic.twitter.com/iihrtj4ewy
— Yves de Kerdrel ÙÂÂÂ (@ydekerdrel) 3 Septembre 2014
Pour rappel, quelques définitions, tirées d’un pur produit français, le dictionnaire Larousse :
Ayatollah : Titre honorifique donné aux principaux chefs religieux de l’islam chiite.
Difficile d’établir un rapport avec la nouvelle ministre de l’Éducation. Sans doute faut-il donc y voir un second degré, toujours tiré du Larousse :
Ayatollah : Figuré, familier. Personne aux idées rétrogrades qui use de manière arbitraire et tyrannique des pouvoirs étendus dont elle dispose.
Sauf que, dans ce cas précis, et à bien regarder les différentes couvertures de Valeurs actuelles, on aurait bien envie de retourner le prétendu trait d’esprit contre le magazine.
Le 21 août, l’hebdomadaire publiait ainsi un dossier choc sur l »Enfer en France" : une "enquête au cœur des cités où les Français de souche subissent la loi des caïds".
Autre saillie, le 15 mai, sur une "identité menacée" et "l’invasion des mosquées", dans laquelle le journal conservateur s’indigne de "deux nouvelles constructions en France chaque semaine !".
Novembre 2013 encore, nouveau cri indigné contre "Ces étrangers qui pillent la France", qualifiées de "nouveaux barbares" (mot qui fût naguère utilisé par les Romains pour désigner les peuples germaniques, et notamment les Francs…).
Enfin, faute de pouvoir être exhaustif, et pour rester sur le même thème : le 26 septembre 2013, il y a presque un an, le magazine décomplexé offrait un modèle du genre sur les Français naturalisés, avec en titre "L’invasion qu’on cache", au-dessus d’une Marianne revêtue d’un tchador.
Loin d’être "actuelles", les valeurs du journal ont en outre le "mauvais goût" d’être assumées.
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Par Mathieu OLIVIER
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