Cameroun : les conséquences du retour du FMI sur l’investissement public et les programmes sociaux
En difficulté, le Cameroun bénéficie d’une aide du FMI de 666,2 millions de dollars assortie d’un ajustement peu douloureux. Le Fonds lui demande de moins emprunter et de mieux choisir ses investissements.
Avec un budget et des réserves mis à mal par la chute des cours du pétrole et par ses efforts militaires contre Boko Haram, le Cameroun s’est vu accorder, lundi 26 juin, par le Conseil d’administration du Fonds monétaire internationale (FMI) un prêt de 666,2 millions de dollars, dont 171,3 millions immédiatement disponibles, au titre de la « Facilité élargie de crédit ». Il est le deuxième pays de la CEMAC après le Gabon a bénéficié d’une telle aide.
En contrepartie, il s’est engagé à mener à bien un programme d’ajustement sur trois ans pour stopper le doublement de sa dette publique depuis 2012 et reconstituer des réserves tombées de 6 mois d’importations en 2015 à 3,7 mois fin 2016.
La médication ne sera pas trop sévère, car le Cameroun se trouve dans une situation moins critique que ses partenaires de la CEMAC (Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale, République du Congo, Tchad). En effet, sa gestion a été plus prudente et son économie est la plus diversifiée de la région.
Du côté des recettes supplémentaires souhaitables pour réduire le déficit budgétaire, on notera que le gouvernement a décidé déjà en 2017 la création d’une taxe sur les séjours hôteliers, le rétablissement de la taxe spéciale sur les produits pétroliers et l’élargissement du champ d’application de la taxe sur les jeux de hasard.
La CAN, les fonctionnaires et les dépenses sociales épargnés
Du côté des réductions de dépenses, les Camerounais apprécieront que la Coupe africaine des Nations (CAN) de 2019 organisée chez eux ne soit pas concernée, ces projets ayant déjà trouvé un financement et étant pour la plupart déjà très avancés. Les effectifs et les salaires de la fonction publique ne seront pas touchés, car ceux-ci demeurent raisonnables. En effet, la masse salariale représente 5,4 % du produit intérieur brut (PIB), alors qu’elle atteint 10 % du PIB en moyenne en Afrique subsaharienne.
Le FMI encourage même un accroissement des dépenses sociales prioritaires, ainsi que l’élaboration d’une stratégie de protection sociale. Un projet de filets sociaux soutenu par la Banque mondiale donne déjà de bons résultats et pourrait être mis à l’échelle : le projet couvre déjà 25 000 familles parmi les plus pauvres, y compris dans l’extrême nord du pays.
De gros efforts sur les investissements publics
Le gros de l’effort portera sur les investissements publics que le FMI souhaite mieux ciblés. Le problème du Cameroun est qu’il emprunte plus vite qu’il n’exécute ses projets. Conséquence, ses emprunts inutilisés qui attendent une réalisation représentent 20 % du PIB, soit environ 6 milliards de dollars !
Pas question de stopper les différents barrages en construction ou le port de Kribi par exemple, mais le Cameroun va ralentir ses emprunts et se consacrer à la dépense des prêts déjà réalisés. La liste des infrastructures prioritaires sera arrêtée dans les lois de finances annuelles.
Le 30 juin, ce sera au tour du Tchad, qui est le pays le plus malade de la CEMAC et déjà sous programme d’assistance, de se voir attribuer un prêt par le Fonds pour surmonter la crise qui a asséché toutes ses réserves.
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