Pakistan : Imran Khan, un people en politique
Ancienne star du cricket et ex-gendre de Jimmy Goldsmith, le défunt patron de presse franco-britannique, Imran Khan a juré la perte du Premier ministre, Nawaz Sharif.
Confrontés à la pauvreté, à une crise économique endémique, aux coupures d’électricité récurrentes, au terrorisme islamiste et à l’isolement international de leur pays, les Pakistanais, surtout les plus jeunes, sont en quête d’un héros. À leurs yeux, Imran Khan (61 ans) en est un.
Le 16 août, l’ex-star du cricket a pris la tête en compagnie de Tahir ul-Qadri, un religieux modéré établi au Canada, d’une marche sur Islamabad pour exiger un changement de gouvernement. Depuis, ses partisans campent devant le Parlement. Comme d’autres politiciens avant lui, il se rêve en sauveur de la nation. Son ambition ? En finir avec la "monarchie" corrompue de Nawaz Sharif et créer un "nouveau Pakistan".
Il traite l’actuel Premier ministre de "poltron", appelle ses compatriotes à la désobéissance civile et annonce la démission collective des députés de sa formation, le Mouvement du Pakistan pour la justice (PTI), afin de dénoncer les fraudes électorales massives qui, en 2013, permirent à son rival d’accéder au pouvoir.
Comme les Occidentaux, nombre de représentants de la classe moyenne pakistanaise conservent le souvenir de ses prouesses sportives passées. Et de son mariage, en 1995 à Londres, avec Jemima, fille de Jimmy Goldsmith, le défunt patron de presse franco-britannique. Mais son physique avantageux et son excellente éducation – il est diplômé d’Oxford – font-ils forcément de lui l’homme le plus qualifié pour sortir son pays de l’abîme ?
Le danger de l’extrémisme sunnite sous-estimé
Comme tous ses rivaux, Imran Khan, natif de Lahore, est issu d’un milieu très privilégié. Et il est loin d’être un novice en politique : il a fondé le PTI en 1996, quatre ans après avoir mené l’équipe nationale à la victoire à l’occasion de la Coupe du monde de cricket. Lors des législatives de l’an dernier, son parti a obtenu 34 sièges sur 342 au Parlement.
Ses critiques contre les frappes américaines visant les talibans et les jihadistes d’Al-Qaïda lui ont valu le soutien des clans pachtounes établis de part et d’autre de la frontière afghane.
Ses détracteurs accusent l’ex-playboy désormais confit en dévotion d’avoir gravement sous-estimé le danger de l’extrémisme sunnite. Et de n’avoir pas fait mieux dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, que son parti dirige, que Nawaz Sharif sur le plan national. "Pourquoi Khan est-il aujourd’hui dans la rue ?" s’interroge le politologue français Christophe Jaffrelot. Réponse : "Parce qu’il sait que, depuis cinq ans, il n’a absolument rien montré." Plus grave encore, certains le soupçonnent d’être manipulé par les généraux afin d’affaiblir l’actuel Premier ministre.
_____
© Financial Times et Jeune Afrique
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- La justice sénégalaise fait reporter l’inhumation de Mamadou Moustapha Ba, évoquan...
- Les sextapes de Bello font le buzz au-delà de la Guinée équatoriale
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Une « nouvelle conception de l’autorité » : Mohamed Mhidia, un wali providentiel à...