Nigeria : des combattants de Boko Haram se font passer pour des réfugiés
Des combattants du groupe jihadiste Boko Haram ont été découverts parmi des réfugiés qui venaient de passer du Cameroun au Nigeria, a annoncé samedi à l’AFP le responsable d’un organisme officiel de l’Etat du Borno (nord-est).
Selon Ahmed Satomi, chef du Borno State Emergency Management Agency, « au moins neuf insurgés de Boko Haram et 100 complices ont été trouvés parmi 920 réfugiés nigérians qui sont revenus mercredi de Marwa (Cameroun) ».
« Ils ont été arrêtés pendant des vérifications par le personnel de sécurité sur les personnes qui revenaient à la ville-frontière (nigériane) de Banki. »
Bien que les violences n’ont jamais cessé, le président nigérian Muhammadu Buhari et son administration ont régulièrement affirmé que Boko Haram était « techniquement vaincu ».
Depuis le début de l’année, le groupe islamiste a attaqué des soldats, pris d’assaut des bases militaires, tué des dizaines de civils dans des attentats-suicides et, depuis début juin, ciblé à plusieurs reprises Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno.
Le conflit dans le Nord-Est a tué 20.000 personnes et a forcé 2,6 millions de personnes à quitter leurs domiciles. La plupart sont resté au pays chez des proches ou dans des camps de déplacés. D’autres sont parties au Niger, au Tchad et au Cameroun près du lac Tchad.
La recrudescence des attaques de Boko Haram et l’afflux de Nigérians de retour du Cameroun augmentent la pression sur les camps de déplacés déjà surchargés dans le nord-est du Nigeria, a estimé samedi l’ONU, qui met en garde contre les retours forcés de civils dans leur pays.
Jeudi, le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a affirmé que ces derniers jours 887 Nigérians avaient été « regroupés » dans six camions et renvoyés de force par le Cameroun « dans des conditions dangereusement non préparées pour les accueillir ».
Comme d’autres camps, Banki reste vulnérable aux attaques de Boko Haram et a été visé à plusieurs reprises par des kamikazes. Le camp se trouve à l’intérieur des murs de la ville détruite, et les gens, dans l’impossibilité de sortir en raison des insurgés actifs dans les environs, dépendent quasi entièrement de l’aide humanitaire pour survivre.
« Au cours du mois dernier, nous avons eu un retour précipité de réfugiés nigérians du Cameroun qui n’était pas nécessairement prévu », a affirmé vendredi le représentant du HCR au Nigeria, Jose Antonio Canhandula.
« Ils ont apparemment reçu des informations comme quoi la situation était bonne au Nigeria et qu’ils pouvaient rentrer ».
« Nous avons immédiatement commencé une campagne pour les informer de la situation réelle. Ce n’est pas le moment de revenir, car lorsque vous rentrez, vous vous retrouvez dans un camp avec beaucoup moins de services ».
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