G5 Sahel : le projet de force conjointe antijihadiste en quête de fonds

Les chefs d’État du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), avec le président français Emmanuel Macron, se réunissent dimanche à Bamako pour concrétiser leur projet de force conjointe contre les groupes jihadistes, qui reste à financer.

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, salue le président français, Emmanuel Macron, venu rencontrer les soldats français de l’opération Barkhane à Gao, le 19 mai 2017. © Christophe Petit Tesson/AP/SIPA

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, salue le président français, Emmanuel Macron, venu rencontrer les soldats français de l’opération Barkhane à Gao, le 19 mai 2017. © Christophe Petit Tesson/AP/SIPA

Publié le 2 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, président en exercice du G5 Sahel, a accueilli samedi après-midi ses pairs Idriss Déby Itno (Tchad) Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mahamadou Issoufou (Niger). Emmanuel Macron les a rejoints vers minuit GMT.

Objectif : lutter ensemble contre les attaques jihadistes qui visent le Mali et gagnent les Etats voisins, en pouvant poursuivre leurs auteurs au-delà des frontières, avec un démarrage sur le terrain avant la fin de l’année.

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Cette force, déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, s’ajoutera à l’opération française Barkhane qui traque les jihadistes dans le Sahel, et à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).

L’idée d’une force régionale, soutenue par Paris, avait été relancée le 6 février lors d’un sommet à Bamako. Elle doit démarrer avec environ 5.000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme, comme l’ont réaffirmé leurs présidents dans une tribune publiée par le quotidien français Le Figaro.

Le sommet de dimanche vise à définir concrètement ses modalités, et le président français devrait annoncer un soutien surtout en équipements, selon l’Elysée.

« Le poste de commandement de cette force sera basé au centre du Mali, à Sévaré », a indiqué le général Didier Dacko, précédemment chef d’état-major de l’armée malienne, nommé en juin à la tête de la force du G5.

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L’Union européenne a promis 50 millions d’euros, mais une telle force requiert au moins 400 millions d’euros, selon les experts. Le budget prévu avoisinerait les 500 millions d’euros, a indiqué à l’AFP une source au sein de la délégation mauritanienne.

Appel aux dons

La France, elle-même en pleine recherche d’économies pour cause de déficit budgétaire aggravé, espère le soutien d’autres pays de l’Union européenne, en faisant valoir que son engagement militaire au Sahel protège l’Europe toute entière.

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Elle compte notamment sur l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, et espère aussi un « soutien concret » des Etats-Unis, présents militairement avec notamment des drones basés au Niger, a indiqué l’Elysée.

Du côté des cinq chefs d’Etat du Sahel, l’attente est élevée.

Dans leur tribune du Figaro vendredi, cosignée avec Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union européenne, ils font valoir que « le vide au Sahel est l’oxygène du terrorisme », réclamant en conséquence « un engagement renouvelé et une concentration des efforts de l’Union européenne et de la communauté internationale pour obtenir des impacts concrets.

Le 21 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution qui « salue » le déploiement de cette force mais sans lui délivrer ni mandat ni fonds.

Avec M. Macron, le G5 Sahel devrait donc lancer un appel aux contributions internationales.

La question financière est d’autant plus sensible que le président tchadien, dont le pays est déjà engagé dans la Minusma et dans la force multinationale contre le groupe nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer de ce projet pour des raisons budgétaires.

Pour compléter le volet militaire, les acteurs de la chaîne judiciaire des 5 se réunissaient cette semaine à Bamako pour concrétiser un accord de coopération judiciaire conclu en mai entre le Niger, le Tchad et le Mali.

Le Mali est sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis l’attentat jihadiste contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui a fait 20 morts, outre ses deux auteurs.

Le 18 juin dernier, un lieu de villégiature proche de Bamako, fondé par un Français, a été attaqué, faisant cinq morts, en plus de quatre assaillants tués.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en 2013 à l’initiative de la France.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud et le phénomène gagne les pays voisins.

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