Crise du Golfe : l’ultimatum fixé au Qatar prolongé de 48 heures

L’Arabie saoudite et ses alliés ont annoncé ce lundi avant l’aube avoir décidé, à la demande du médiateur koweïtien dans la crise du Golfe, de prolonger de 48 heures l’ultimatum fixé au Qatar pour répondre positivement à leur liste de 13 demandes.

L’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, le 3 août 2015 à Doha. © Brendan Smialowski/AP/SIPA

L’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, le 3 août 2015 à Doha. © Brendan Smialowski/AP/SIPA

Publié le 3 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Une série de requêtes à mettre en œuvre sous dix jours, exigeant notamment la fermeture des bureaux d’Al-Jazira, d’une base militaire turque ou encore la prise de distance avec l’Iran, avait été soumise le 22 juin dernier au Qatar par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte. Mais dimanche 2 juillet, dernier jour de cet ultimatum, les autorités qataries ont rejeté implicitement ces demandes, jugées maximalistes et attentatoires à la souveraineté du pays, relate l’AFP. Après cette annonce, le Koweït a convaincu les adversaires du Qatar de prolonger de 48 heures leur ultimatum.

Doha devrait remettre ce lundi 3 juillet sa réponse officielle à la liste des demandes de ses voisins, via « une lettre écrite » de son émir, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, à l’émir du Koweït cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, en charge de la médiation dans le Golfe. « La liste des demandes est faite pour être rejetée », a-t-il néanmoins déclaré dès samedi le chef de la diplomatie qatarie à Rome. Avant d’ajouter que « l’État du Qatar […] la rejettait par principe ».

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Des mesures « destinées à empiéter sur la souveraineté de l’État du Qatar »

L’Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis, trois voisins du Qatar dans le Golfe, mais aussi l’Égypte, avaient rompu le 5 juin leurs relations diplomatiques avec Doha, accusant l’émirat de soutenir « le terrorisme » et de se rapprocher de l’Iran, le grand rival de Riyad. Des accusations rejetées par le Qatar, qui n’a de cesse de mettre en avant que nul n’a le droit de lui dicter sa politique étrangère. « Tout le monde est conscient que ces demandes sont destinées à empiéter sur la souveraineté de l’État du Qatar », a souligné samedi à Rome le chef de la diplomatie du pays.

Le Qatar, riche de ses ressources gazières, a toujours fait cavalier seul en politique étrangère, bien qu’appartenant au Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le président américain Donald Trump, qui s’en est pris à lui par le passé, a répété dimanche « l’importance de stopper le financement du terrorisme » − un objectif qu’il juge « primordial », et « de discréditer l’idéologie extrémiste » −, lors d’entretiens téléphoniques séparés avec le roi d’Arabie saoudite, le prince héritier d’Abou Dhabi et l’émir du Qatar, selon un communiqué de la Maison blanche. De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a appelé à un « dialogue sérieux » entre les acteurs de la crise, au début d’une tournée qu’il entame ce lundi en Arabie saoudite et qui le conduira ensuite aux Émirats et au Qatar.

Une crise qui couvait depuis 2010

Exaspérés par le soutien ouvert du Qatar aux islamistes en général et aux Frères musulmans en particulier et par le ton irrévérencieux d’Al-Jazira, ses voisins du Golfe avaient fait une première tentative il y a trois ans pour le faire rentrer dans le rang. En 2014, le sommet de Riyad avait vu le jeune émir qatari Tamim ben Hamad Al-Thani promettre de renvoyer les figures islamistes accueillies dans son pays et d’atténuer la tonalité jugée agressive par ses voisins d’Al-Jazira. Mais hormis le départ annoncé de quelques figures islamistes, rien n’a changé, affirment les détracteurs de Doha.

Cette crise dans la région du Golfe couvait depuis 2010. Dans une récente tribune parue dans le quotidien français Le Monde, Nabil Ennasri, directeur de l’Observatoire du Qatar, rappelait ainsi qu’à cette époque Doha avait basculé dans une « diplomatie d’engagement » en faveur des révoltes du Printemps arabe, alors que les pays du Golfe y étaient hostiles. Aujourd’hui, le pays fait le dos rond en espérant que les pressions internationales feront fléchir ses voisins. Mais les Émirats ont déjà prévenu que l’isolement du Qatar pourrait durer des « années » si les désaccords persistent.

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Une réunion mercredi au Caire

Mercredi, les ministres des Affaires étrangères d’Egypte, d’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Bahreïn se réuniront au Caire « pour suivre les développements […] en ce qui concerne les relations avec le Qatar », selon un communiqué de la diplomatie égyptienne envoyé à la presse dimanche soir. Cette réunion intervient « dans le cadre de la coordination des positions », mais aussi des « consultations » entre les quatre pays pour discuter des « démarches futures concernant le Qatar », selon le texte.

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