RDC : Kabila, le choix de Tryphon Kin-Kiey Mulumba
Tryphon Kin-Kiey est le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies. Il nous a rendu visite au 57 bis.
La scène est restée dans les annales de l’histoire de la RDC. Mai 1997 : le régime Mobutu vit ses dernières heures. Tryphon Kin-Kiey Mulumba, porte-parole du gouvernement, convoque la presse pour lire le "dernier compte rendu" du gouvernement. Puis, d’un ton serein, devant une ribambelle de micros, il annonce la fuite du maréchal et l’entrée des hommes de Laurent-Désiré Kabila dans Kinshasa.
Ministre depuis seulement quarante-cinq jours, Kin-Kiey est lui aussi contraint de plier bagage. Il quitte le pays pour éviter des règlements de comptes. Sa maison est saccagée, ses biens sont pillés… De cette époque, il garde un souvenir amer. Mais de l’eau a coulé sous les ponts.
>> Lire aussi : "La majorité des Congolais souhaitent voir Kabila continuer" (interview de Kin-Kiey Mulumba)
À 60 ans passés, celui qui est, depuis mai 2012, ministre des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies se range désormais parmi les fidèles lieutenants du président Joseph Kabila, qui a succédé à son père en 2001. Il souhaite même le voir rempiler en 2016 alors que, dans sa forme actuelle, la Constitution le lui interdit.
Le 14 août dernier, il lançait officiellement à Bruxelles l’association Kabila Désir. Une semaine plus tard, il tenait à faire part à Jeune Afrique de sa "conviction" – un plaidoyer pour le maintien au pouvoir de l’actuel chef de l’État. "En Afrique, nous sommes en train de construire nos États. Ce qu’il nous faut, c’est la stabilité. Rien ne se fait sans la durée", explique-t-il. Et d’ajouter en lingala : "Kabila, posa na yo nanu esili te !" ("Kabila, nous avons encore besoin de vous !").
Peu lui importe que la question fasse débat jusque dans les rangs de la majorité et que la réunion, le 25 août à Kingakati, dans la ferme privée de Joseph Kabila, n’ait pas permis d’accorder les violons. Kin-Kiey Mulumba ne jure que par le président, "cet homme exceptionnel qui conduit la RDC vers le développement".
Entre les deux hommes, pourtant, l’entente n’a pas toujours été cordiale. À une époque, ils se sont même fait la guerre… Quelques mois après la chute de Mobutu, Kin-Kiey Mulumba, originaire du Bandundu (Ouest), rejoint la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), basée à Goma et soutenue par le Rwanda.
"Mais j’ai quitté le mouvement après le massacre des policiers par les rebelles à Kisangani [en 2002]", insiste-t-il. Sauf que de fait, puisqu’il ne fait plus partie du RCD au moment où s’achèvent les négociations intercongolaises, il est exclu de l’accord de partage du pouvoir signé à Sun City (Afrique du Sud), début 2003.
Kin-Kiey décide alors de s’installer à Goma (Nord-Kivu), où il a conservé des contacts, puis pose ses valises à Kigali. Il y relance le magazine Le Soft international (sa rédaction est aujourd’hui basée à Bruxelles et à Kinshasa), puis joue les conseillers politiques jusqu’à ce que son chemin croise celui d’Azarias Ruberwa, alors vice-président de la République. Nous sommes en 2004.
>> Lire aussi : vers un troisième mandat de Joseph Kabila en 2016 ?
Les deux hommes, qui se sont connus au RCD, se rencontrent à Gatumba, au Burundi, où ils sont venus rendre hommage aux 150 réfugiés congolais tués quelques semaines plus tôt. Quand Ruberwa lui propose une place à bord du jet de l’ONU qui doit le ramener à Kinshasa, Mulumba n’hésite pas longtemps.
Sa décision est prise, il veut rentrer au pays, avec un objectif : rencontrer Joseph Kabila et obtenir réparation pour sa maison détruite des années auparavant. La tâche est ardue, le Palais inaccessible. Il lui faudra l’intervention d’un ancien ambassadeur congolais à Bruxelles pour y être finalement reçu, en février 2006. Et là, en plein tête-à-tête, "c’est le déclic". "J’avais entendu beaucoup de choses sur Joseph Kabila, raconte Kin-Kiey Mulumba, mais c’est à ce moment-là que j’ai découvert l’homme."
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