Obsèques de Tshisekedi : la famille et le parti ne parlent plus le même langage

Les discussions entre le gouvernement congolais, la famille biologique d’Étienne Tshisekedi et l’UDPS sur l’organisation des obsèques de l’opposant congolais sont de nouveau à l’arrêt. Mais pour l’instant, seul le parti de l’opposant historique a claqué la porte. Explications.

L’imprévisible Étienne Tshisekedi, 83 ans, préside toujours l’UDPS. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

L’imprévisible Étienne Tshisekedi, 83 ans, préside toujours l’UDPS. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Publié le 3 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Faut-il poursuivre ou non, les tractations sur l’organisation des obsèques d’Étienne Tshisekedi ? La question divise désormais l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti de l’opposant congolais décédé le 1er février à Bruxelles, et sa famille biologique. Depuis sa mort en effet, le rapatriement de sa dépouille fait encore l’objet de discussions entre le camp Kabila et celui de Tshisekedi. Après plusieurs tractations entre les deux parties, une commission tripartite – gouvernement, famille et UDPS – avait été mise en place, mi-mai, pour faciliter enfin l’organisation des obsèques.

L’UDPS quitte les discussions

Mais depuis plusieurs semaines, les discussions sont de nouveau suspendues, alors que les protagonistes étaient sur le point de signer un communiqué conjoint détaillant le programme des obsèques.

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Que s’est-il passé ? Selon l’UDPS, Emmanuel Ramazani Shadary, vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, n’a pas encore trouvé le temps pour apposer sa signature sur le document.

Kabila a décidé de ne plus voir le corps de Tshisekedi être rapatrié au pays.

Pour Jean-Marc Kabund-A-Kabund, secrétaire général du parti d’Étienne Tshisekedi, joint au téléphone par Jeune Afrique, cette attitude de Ramazani Shadary laisse transparaître « un manque de sérieux caractérisé par le mensonge et l’art de ne pas respecter les textes ». Il estime par ailleurs que le chef de l’État a, selon lui, suffisamment démontré sa mauvaise foi dans ce dossier : « Kabila a décidé de ne plus voir le corps de Tshisekedi être rapatrié au pays car il sait cela susciterait une forte mobilisation contre lui. »

En conséquence, Jean-Marc Kabund-A-Kabund a indiqué fin juin que l’UDPS  organisera seule les obsèques d’Étienne Tshisekedi à Kinshasa. « Nous nous sommes déjà mis d’accord sur le lieu de l’organisation des obsèques et de l’enterrement, du moins verbalement », avance-t-il.

La famille de Tshisekedi reste

Mais la famille biologique d’Étienne Tshisekedi ne partage pas cette position. Mgr  Gérard Mulumba, représentant de la famille et frère de l’opposant décédé, souhaite poursuivre les discussions avec le gouvernement. « Je ne m’engage pas dans les propos du secrétaire général de l’UDPS, mais je comprends que le parti exprime son ras le bol », explique le prélat, soulignant n’avoir « pas été contacté » avant la sortie médiatique de Kabund-A-Kabund.

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Au départ, la famille biologique et le parti étaient d’accord sur le fait que l’ancien Premier ministre Samy Badibanga ne pouvait pas organiser les obsèques d’Étienne Tshisekedi. Mais depuis l’arrivée aux affaires de Bruno Tshibala, les choses ont évolué de manière significative.

Le nouveau chef du gouvernement était l’un de ses fidèles collaborateurs et un cadre de son parti. Dans la foulée de sa nomination, il avait renoué les discussions avec la famille Tshisekedi. « J’ai pris l’engagement devant le peuple congolais, à travers la représentation nationale, de garantir l’organisation par le gouvernement des obsèques grandioses en mémoire d’Étienne Tshisekedi pour son combat glorieux en vue de l’avènement d’un État de droit en RD Congo », a promis Bruno Tshibala.

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Félix Tshisekedi, secrétaire général adjoint de l’UDPS et fils de l’opposant historique, dit quant-à lui ne plus vouloir se mêler des discussions entre Kinshasa et la famille : « Je ne suis plus en charge de suivre les discussions entre la famille et le pouvoir, mon oncle [Mgr Gérard Mulumba] est là pour ça ». Pourtant, Félix Tshisekedi « est pointé du doigt  par certains membres de la  famille, qui estiment qu’il influence les positions du parti sur le dossier », a confié l’un de ses proches.

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