Côte d’Ivoire : Soro et Bédié en conclave impromptu à Paris
Guillaume Soro, président de l’assemblée nationale ivoirienne et Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, mouvance présidentielle) se sont entretenus ce dimanche 02 juillet 2017, à Paris. Une rencontre programmée pour tenter d’aplanir les quiproquos des dernières semaines.
La rencontre a pris de court le protocole de Bédié, qui ne s’attendait pas à voir Soro. Les deux hommes se sont accordés sur l’heure et la date, après que l’audience eut été préparée par Dr Arsène Ouattara, cadre du PDCI proche de Bédié et conseiller de Soro. Un tête à tête de trois-quarts d’heure, qui leur a permis d’aplanir les quiproquos de ces dernières semaines. Ainsi Soro a-t-il exprimé sa reconnaissance à Bédié pour sa « protection», avant de lui présenter des excuses pour les accusations lancées à son encontre par son conseiller en communication.
Le retour à la realpolitik
En effet, dans un tweet non démenti, vivement critiqué par le PDCI, Moussa Touré avait insinué que l’ancien chef d’État avait contribué à financer l’achat d’armes ayant servi à chasser du pouvoir Laurent Gbagbo, qui refusait de reconnaître sa défaite électorale en octobre 2010. Soro a confié à Bédié que celui-ci a écopé de sanctions, comme le réclamait le PDCI.
Après la pluie des incompréhensions entre les deux personnalités, le temps de la « realpolitik » est-il revenu ? Possible. Les deux hommes cherchent à accorder leurs intérêts politiques à moyen et long terme. L’un des objectifs visé par Bédié est d’obtenir de Guillaume Soro un soutien à la candidature d’un cadre issu du PDCI pour la présidentielle de 2020. Henri Konan Bédié voit en son interlocuteur un potentiel présidentiable en 2025 ou 2030. De son côté, Soro semble continuer à tâter le terrain politique, sans exclure l’option envisagée par Bédié.
"Guillaume SORO est mon protégé… Je lui fais confiance." #BEDIE
— Guillaume K. Soro (@SOROKGUILLAUME) June 18, 2017
Un difficile rapprochement
Depuis avril, l’ancien chef de la rébellion tente difficilement un rapprochement avec des pro-Gbagbo en exil à Paris. A Abidjan, des députés proches de lui, amenés par Alain Lobognon, ex-ministre des Sports issu des Forces nouvelles, ont lancé, une « Alliance du 3 avril » – en référence à la date d’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale en cours) – qui peine à convaincre. Les trente ou quarante députés annoncés par les initiateurs hésitent à se faire connaître, apportant ainsi de l’eau au moulin de ceux qui pensent que le chiffre avancé relevait de la surenchère.
Fin juin, c’est Affoussy Bamba-Lamine, ex-porte-parole de la rébellion et ancienne ministre de la Communication, qui a annoncé le retour des Forces nouvelles. Un projet qui ne va pas contribuer à calmer les tensions entre Soro et la direction du Rassemblement des républicains (RDR, le parti d’Alassane Ouattara), présentée comme favorable à son grand rival, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Joël N’Guessan, porte-parole du RDR a d’ores et déjà tranché : plus question de Forces nouvelles, « dont la branche politique s’est fondue dans le RDR et la branche armée, dans les Forces armées de Côte d’Ivoire. »
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