Présidentielle au Kenya : l’UE déploie ses observateurs et met en garde Nairobi contre de possibles violences
Le Kenya risque-t-il de replonger dans le chaos ? Dix ans après les pires violences électorales de l’histoire du pays (plus de 1 100 morts), l’Union européenne a annoncé ce lundi le déploiement d’un premier groupe d’observateurs à l’approche des élections générales.
Le 8 août, les citoyens de la première économie d’Afrique de l’Est seront appelés aux urnes pour choisir leur président, leurs députés et gouverneurs. Un scrutin jugé à haut risque par Marietje Schaake, député européenne à la tête de la mission d’observation de l’UE : « Ce n’est pas un secret, [il y a des gens] qui redoutent de possibles violences. C’est évident que cela créerait une situation dans laquelle tout le monde est perdant ».
« Il est de la responsabilité de tout un chacun de garantir à tous le droit de voter en son âme et conscience, et de pouvoir le faire en sécurité », a-t-elle poursuivi lors d’une conférence de presse à Nairobi.
D’après la députée, une trentaine d’observateurs de l’UE ont déjà été envoyés à différents endroits du Kenya. D’autres doivent être déployés à mesure que les élections approchent, pour en porter le nombre à une centaine. Selon l’UE, cette mission est « l’une des plus importantes » jamais envoyées par elle dans le monde.
Un plan pour truquer les élections ?
Le scrutin opposera le président sortant Uhuru Kenyatta au chef de file de l’opposition Raila Odinga, déjà trois fois candidat malheureux (1997, 2007 et 2013). Battu dès le premier tour en 2013, il avait dénoncé des irrégularités avant d’accepter la validation des résultats par la Cour Suprême. Certains bureaux de vote avaient alors affiché des taux de participation supérieurs à 100% selon la société civile kényane.
Ces derniers jours, l’opposition a accusé – sans en apporter la preuve – le parti au pouvoir d’avoir ourdi un plan en vue de truquer les élections 2017. Un plan qui consisterait en de « faux bureaux de vote » dans lesquels les urnes seraient artificiellement remplies de bulletins favorables aux candidats du pouvoir.
« Crainte d’un conflit ethnique »
Dans la région de Naivasha, une des zones affectées par les violences électorales de 2007-2008, des menaces et intimidations entre communautés ont été rapportées lundi par Human Rights Watch.
L’ONG assure avoir documenté six cas de « menaces directes » contre des partisans de l’opposition. Un groupe de jeunes hommes aurait par ailleurs dit à huit partisans de l’opposition de « ne pas s’approcher des bureaux de vote s’ils ne comptent pas voter pour le parti au pouvoir ».
« Certains partisans de l’opposition disent avoir commencé à rassembler leurs affaires pour fuir la zone par crainte d’un retour d’un conflit ethnique. Mais étant enregistrés comme électeurs à Naivasha, ils ne pourront pas voter dans une autre partie du pays », a ajouté la même source.
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