Tunisie : l’État s’engage à dépolluer le site chimique de Gabès
Le gouvernement tunisien s’est engagé à mettre en oeuvre un vaste programme pour résoudre les problèmes de pollution engendrés de longue date par un complexe chimique à Gabès, dans le sud du pays.
Installé depuis les années 1970 à Gabès, le Groupe chimique tunisien (GCT, public) est spécialisé dans la transformation du phosphate – une ressource naturelle servant notamment à la fabrication d’engrais. Mais ce procédé donne lieu au déversement en mer de grandes quantités de phosphogyse, une boue nuisible à l’environnement.
Après la révolution de 2011 qui a mis fin à la dictature, des voix se sont élevées pour dénoncer cette pollution. Elles ont récemment gagné en vigueur dans le cadre d’une campagne citoyenne, « Stop pollution », marquée par des manifestations et un ultimatum pour un arrêt des rejets au 30 juin.
« On a droit à une vie saine »
Le Premier ministre Youssef Chahed a signé vendredi un programme visant « à démanteler progressivement les six unités de production » existantes et à les remplacer « par une nouvelle zone industrielle conforme aux standards internationaux » en matière d’environnement, a affirmé lundi à l’AFP le gouverneur de Gabès, Mongi Thameur, confirmant des informations de presse.
D’un montant « record » de 3,2 milliards de dinars (1,1 milliard d’euros), ce projet prévoit le remplacement de deux unités de production à un rythme bi-annuel, ce qui « permettra une réduction progressive des rejets en mer », a-t-il avancé. Il bénéficiera d’une aide internationale.
En fin de semaine dernière, plusieurs manifestations avaient eu lieu afin de mettre la pression sur les autorités. « Le citoyen de Gabès a droit à une vie saine. On souffre depuis une cinquantaine d’années. Ça suffit, on ne fera pas marche arrière cette fois », avait déclaré jeudi dernier à l’AFP Rhaïem, un membre de la campagne « Stop pollution ».
Cancers et maladies chroniques
Réputé être une frayère de la Méditerranée, un lieu de reproduction pour les espèces aquatiques, le golfe de Gabès est fortement pollué depuis des décennies en raison de ces activités d’extraction et de transformation des phosphates, une industrie cruciale pour l’économie de la Tunisie.
Mais les habitants de cette cité industrielle de 150 000 âmes sont eux-mêmes menacés par cette pollution en mer qui a également un impact sur la qualité de l’air et des sols et sous-sols. Selon des experts, elle serait responsable de cas de cancer et de maladies chroniques, comme l’asthme.
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