Gabon : Libreville dénonce l’enquête de la justice française sur les violences post-électorales

En avril, la justice française a ouvert une enquête sur d’éventuels crimes contre l’Humanité, perpétrés lors des violences qui ont suivi la victoire d’Ali Bongo à la présidentielle en 2016. Mais Libreville, qui invoque notamment « l’égalité souveraine des États », s’oppose fermement à cette initiative.

La police gabonaise les violences post-électorales d’août 2016. © Joel Bouopda/AP/SIPA

La police gabonaise les violences post-électorales d’août 2016. © Joel Bouopda/AP/SIPA

Publié le 5 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

L’enquête française sur d’éventuels crimes contre l’humanité durant la crise post-électorale de 2016 ne passe pas au Gabon. Dans un communiqué daté du 4 juillet parvenu à Jeune Afrique, le gouvernement gabonais dénonce « l’aventure ambiguë » dans laquelle se lancent les avocats français, « soucieux de maintenir un climat permanent de tension au Gabon » et de « nuire aux relations entre la France et le Gabon ».

Au lendemain de la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba à la tête de l’État, le pays avait été pendant plusieurs jours le théâtre de manifestations sévèrement réprimées donnant lieu à des centaines d’interpellations. En septembre 2016, un Franco-Gabonais avait déposé une plainte pour arrestation et détention arbitraire en bande organisée, torture, tentative d’assassinat et crime contre l’humanité. Le plaignant, qui a préféré garder l’anonymat, assure avoir été arrêté la nuit du 31 août au 1er septembre au QG de Jean Ping, l’opposant au chef d’État sortant. Sa plainte a donné lieu à l’ouverture, en avril 2017, d’une enquête par le parquet de Paris. La qualification de crime contre l’Humanité avait d’abord été écartée, avant que la juge d’instruction en charge du dossier ne décide finalement de la retenir. 

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Une mission de la CPI

Mais selon les autorités gabonaises, « aucun tribunal sérieux ne peut faire prospérer de telles actions ». Dans son communiqué, Libreville remet d’abord en cause le chef d’accusation pour crimes contre l’Humanité. Les faits évoqués par le plaignant résulteraient ainsi de « procédures classiques de maintien et de rétablissement de l’ordre public ». Un peu plus loin dans le texte, le gouvernement estime également que « l’égalité souveraine des États [...] interdit à un État de juger un autre État ou de juger les dirigeants d’un autre État ».

À la mi-juin, des experts de la Cour pénale internationale (CPI) se sont également rendus au Gabon pour mener une mission préliminaire à Libreville sur les violences post-électorales. Pendant deux jours, ils ont pu examiner les plaintes déposées par le gouvernement, le camp de Jean Ping, et 15 ONG. Leurs conclusions vont désormais être transmises au parquet de la CPI, qui décidera ou non de l’ouverture d’une enquête pour « crime contre l’Humanité » ou « crime de guerre ».

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