Afrique du Sud : la nationalisation de la banque centrale fait débat
Proposée lors de la dernière conférence de l’African National Congress, mercredi 5 juillet, la nationalisation de la banque centrale sud-africaine provoque des débats houleux dans le pays. La proposition doit encore être ratifiée lors de la prochaine conférence électorale du parti au pouvoir, en décembre prochain.
La conférence de l’ANC (African National Congress) qui s’est achevée, mercredi 5 juillet, à Johannesburg, a ravivé un débat qui inquiète les marchés depuis quelques semaines : les participants ont proposé de nationaliser la South African Reserve Bank (Sarb) − la banque centrale sud-africaine − afin de changer son mandat. L’institution, dont le rôle actuel est de contrôler l’inflation et la monnaie, pourrait alors mener des politiques de relance de la croissance. Cette proposition, qui doit maintenant être ratifiée lors de la prochaine conférence électorale de l’ANC, en décembre prochain, a déjà provoqué une hausse des taux des obligations du pays et une baisse du rand.
Dans la foulée de cette annonce, la Sarb a déclaré à Reuters qu’un changement dans l’actionnariat de la banque n’affecterait pas son mandat, dans la mesure.
Le mois dernier, un rapport du médiateur public avait appelé à un élargissement du mandat de la banque centrale pour « promouvoir une croissance économique équilibrée et soutenable dans la République, tout en s’assurant que le bien-être socio-économique des citoyens est protégé ». Suite à cette annonce, le rand avait chuté de 2,2% en deux jours.
À l’ouverture de la conférence de l’ANC, le 30 juin dernier, le ministre des Finances Malusi Gigaba avait rétorqué que « le défenseur des intérêts publics n’aviat pas l’autorité pour demander au Parlement d’amender la Constitution » et avait appelé à respecter l’indépendance de la banque centrale.
Inquiétude des marchés
Une note de Citi Research publiée dans la soirée du 5 juillet et que Jeune Afrique s’est procuré, s’inquiète du fait que cette proposition intervienne quelques semaine après l’appel du médiateur public à changer le mandat de la Sarb. La banque estime que ces deux propositions combinées sapent la confiance des investisseurs, malgré les commentaires du chef de la transformation de l’ANC, Enoch Godongwana, qui a qualifié le mandat de la Sarb de « sacro-saint ». Il a aussi estimé que le gouvernement n’avait pas la marge budgétaire suffisante pour acheter des parts de la banque centrale.
Citi Research avertit que tant que la situation n’est pas clarifiée, ce degré d’incertitude politique va entraver la confiance des marchés et l’investissement. L’Afrique du Sud traverse déjà une période de difficultés économiques. Au premier trimestre, le PIB sud-africain s’est à nouveau contracté de -0,7%, après avoir déjà reculé au dernier trimestre 2016. Le taux de chômage a, lui, atteint 27,7% début juin, soit son plus haut niveau depuis treize ans.
Début juin, l’agence de notation Moody’s a en outre abaissé la note souveraine de l’Afrique du Sud, après Standard & Poor’s et Fitch Ratings.
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