La Côte d’Ivoire commémore l’esclavage
Une stèle en mémoire de l’esclavage a été inaugurée par le vice-président ivoirien Daniel Kablan Duncan jeudi 6 juillet à Kanga-Gnianzé, près de Tiassalé. Une cérémonie à laquelle ont assisté l’ancien président béninois Nicéphore Soglo, l’historien Elikia M’Bokolo, mais aussi l’ex-footballeur Lilian Thuram.
![Fers d’esclave. © Antoinetav/CC/Wikimedia Commons](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/05/09/1024px-fers_esclave-e1474983842386.jpg)
Fers d’esclave. © Antoinetav/CC/Wikimedia Commons
Le temps d’une matinée, le petit village de Kanga-Gnianzé, à une centaine de kilomètres au nord d’Abidjan, près de Tiassalé, est devenu le symbole du devoir de mémoire de l’esclavage en Côte d’Ivoire. Accompagné de plusieurs ministres, le vice-président Daniel Kablan Duncan y a inauguré jeudi une stèle en mémoire de l’esclavage, premier jalon en Côte d’Ivoire de « la route des esclaves ».
Un projet lancé en 1994 par l’Unesco pour favoriser la recherche sur la traite négrière et l’esclavage, mais aussi destiné à encourager le devoir de mémoire de ce que l’ancien président béninois Nicéphore Soglo a qualifié « d’holocauste noir ».
Nous avons l’obligation de donner un lieu de sépulture et de mémoire aux victimes de l’esclavage
« Nous avons perdu nos mémoires. Il faut que dans chaque pays, il existe des lieux de commémorations comme il existe Gorée au Sénégal. Nous avons l’obligation de donner un lieu de sépulture et de mémoire aux victimes de l’esclavage », a martelé l’ex-chef d’État, l’un des principaux promoteurs du projet.
Découverte de la stèle commémorative de La Route de l'esclave par le Vice-Président. #gouvci #minculture pic.twitter.com/6lGrGTpdwP
— Gouvernement de Côte d'Ivoire (@Gouvci) July 6, 2017
Sur la route des esclaves acheminés depuis le Nord
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Venus assister à la cérémonie retransmise sur écran géant, bon nombre d’habitants du village étaient massés aux abords de la route de Kanga-Gnianzé, où transitaient autrefois les esclaves acheminés depuis le nord du pays. Selon le récit des villageois transmis de générations en générations, le village était alors une étape de « purification ».
« Mon grand-père, qui a longtemps été le chef du village, me racontait l’histoire des esclaves qui s’étaient arrêtés à Kanga-Gnianzé pour se purifier avec l’eau de la rivière. Cette eau sacrée leur donnait des forces pour poursuivre le chemin », a témoigné Victor Modeste N’Guessa, agriculteur du village.
L’histoire de l’esclavage n’est pas suffisamment apprise à nos enfants
Un rituel dont les historiens doutent encore du sens, mais que le planteur de cacao tient à transmettre à ses cinq enfants. « L’histoire de l’esclavage n’est pas suffisamment apprise à nos enfants. Cette commémoration est un pas en ce sens, et peut faire en sorte que nous n’oublions pas », a-t-il expliqué.
Une meilleure connaissance et appropriation de l’histoire de l’esclavage pour lesquelles est également venu plaider l’ex-footballeur Lilian Thuram. « Nous sommes ici pour comprendre le passé et ce que l’esclavage a produit dans notre façon de penser le monde », a déclaré le champion du monde de football, désormais investi dans sa fondation Éducation contre le racisme depuis qu’il a raccroché les crampons. Avant de poursuivre : « L’histoire de l’esclavage est fondamentale à comprendre en Afrique car elle a mis en place des schémas de domination, a structuré des façons de penser le monde, et a aussi structuré les relations selon la couleur de la peau ».
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