Sommet du G20 : un agenda moins ambitieux qu’espéré sur l’Afrique

Le G20 s’est pour la première fois engagé samedi à soutenir l’économie africaine, dans le but de réduire l’immigration, sans se montrer pleinement à la hauteur des promesses d’Angela Merkel ni des attentes des ONG.

Angela Merkel et Faure Gnassingbé le 16 juin 2009 à Berlin. © Michael Sohn/AP/SIPA

Angela Merkel et Faure Gnassingbé le 16 juin 2009 à Berlin. © Michael Sohn/AP/SIPA

Publié le 8 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

« Nous sommes prêts à aider les pays africains intéressés » et « encourageons le secteur privé à saisir les opportunités économiques africaines en soutenant une croissance durable et la création d’emplois », écrivent les principaux pays développés dans leur déclaration finale.

L’objectif est de « lutter contre la pauvreté et les inégalités en tant que cause essentielle des migrations », soulignent-ils, faisant de cette entrée de l’Afrique à l’agenda du G20 une initiative clairement destinée à endiguer l’arrivée en Europe d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant la misère.

Nous avons pour la première fois un plan de développement pour et par l’Afrique.

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L’Allemagne, qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015, avait dès février soumis au G20 Finances ses partenariats baptisés « Compact with Africa » avec la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Ghana, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal et la Tunisie, visant à stimuler l’investissement privé, avant de les préciser en juin lors d’un G20 Afrique, format inédit.

« Nous avons pour la première fois un plan de développement pour et par l’Afrique, et nous pouvons désormais travailler avec l’Afrique », s’était réjouie la chancelière allemande Angela Merkel vendredi lors de l’ouverture du sommet.

Pas d’engagement sur le soutien public à l’Afrique

L’approche choisie par Berlin, « sur un sujet que les Français ont beaucoup porté par le passé », marque une volonté « de renouveler les pratiques » en se concentrant sur les initiatives privées, souligne Sébastien Jean, directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).

Si l’Allemagne a nettement augmenté son aide au développement – la portant à 0,7% de son produit intérieur brut contre 0,38% pour la France, selon l’ONG One -, elle n’a obtenu de ses partenaires du G20 aucun engagement sur le soutien public à l’Afrique, notion absente du communiqué final.

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« Les Etats-Unis ne seront probablement pas en position de s’engager en Afrique, comme cela serait pourtant nécessaire – et ce d’autant moins qu’ils n’ont quasiment plus d’intérêts pétroliers dans les régions arabe et africaine », expliquait Angela Merkel jeudi à l’hebdomadaire Die Zeit, livrant une des clés du problème.

Mais loin du plan annoncé pour le continent, les initiatives « Compact » ne concernent pour l’heure que sept pays qui attirent déjà les investisseurs, et sont loin d’être les principales sources d’immigration en Europe.

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Paris a certes insisté sur l’importance « de ne pas oublier dans ce contexte les pays les plus fragiles », en particulier ceux du Sahel, en première ligne dans la lutte contre le jihadisme. Mais de source proche des négociations, la France a été la seule délégation à soulever cette question.

Education et blanchiment

L’initiative du G20 « repose sur la supposition, d’une naïveté dangereuse, que développer l’investissement privé aidera automatiquement les plus pauvres du continent », a critiqué Oxfam samedi.

Or, selon l’ONG One, « il faut encore que les conditions d’investissement soient bonnes, avec une population bien formée », ce qui implique à la fois « une aide publique massive et une hausse des dépenses des pays africains » dans l’éducation.

Sur ce sujet, la prix Nobel de la paix Malala Yousafzai et le chanteur Bono, cofondateur de One, avaient justement appelé jeudi le G20 à s’engager plus nettement, faute de quoi leur sommet serait « un échec ».

Le continent reçoit environ 46 milliards de dollars par an, mais en perd le double en flux financiers illicites.

L’enjeu n’est pas symbolique: il s’agissait d’appuyer explicitement la nouvelle Facilité de financement international pour l’éducation (IFFEd) proposée par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, afin que la présidence argentine du G20 la fasse avancer l’an prochain.

Mais le G20 s’est borné à souhaiter des initiatives conjointes pour « soutenir l’éducation », et s’est montré tout aussi vague sur la transparence financière, sujet dont il s’était pourtant saisi en 2014 sous présidence australienne, sans réelle avancée depuis.

« C’est décevant, parce que c’est une question cruciale pour l’Afrique: le continent reçoit environ 46 milliards de dollars par an, mais en perd le double en flux financiers illicites », souligne auprès de l’AFP Friederike Röder, responsable de One pour les sommets du G7 et du G20.

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