Ebola – François Lounceny Fall : « Nous en appelons à plus de solidarité de la part des pays-frères africains »

Alors que l’Afrique de l’Ouest est frappée par une épidémie d’Ebola sans précédent, le ministre guinéen des Affaires étrangères, François Lounceny Fall, a fait le déplacement à Paris, en fin de semaine dernière, pour rassurer, mais aussi pour sauver la desserte Air France Paris-Conakry. Entretien.

Entretien avec le ministre guinéen des Affaires étrangères, Lounceny Fall. © Capture d’écran/Jeune Afrique

Entretien avec le ministre guinéen des Affaires étrangères, Lounceny Fall. © Capture d’écran/Jeune Afrique

Publié le 1 septembre 2014 Lecture : 4 minutes.

Rassurer sur la gestion de l’épidémie d’Ebola dans son pays. C’est la mission de François Lounceny Fall, le ministre guinéen des Affaires étrangères. De passage à Paris en fin de semaine dernière, il a multiplié rencontres avec les officiels français (dont Hélène Le Gal, conseillère Afrique de François Hollande) et les journalistes. Autre enjeu primordial  de cette visite : sauver la liaison Paris-Conakry, assurée quotidiennement par Air France – qui a renoncé  le 27 août  à sa desserte sur Freetown sur recommandation du gouvernement français – et  éviter que son pays ne soit, à l’instar du Libéria et de la Sierra Leone, complètement déserté par les compagnies aériennes. Interview. 

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Jeune Afrique  : La plupart des compagnies aériennes ont suspendu leur vols vers les pays touchés par l’épidémie d’Ebola. Et ce malgré les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Que pensez-vous de ces décisions  ?

François Lounceny Fall : L’OMS a considéré que les risques de contagion pendant un vol étaient faibles et a recommandé aux compagnies aériennes de continuer à desservir les pays touchés par Ebola, notamment pour l’acheminement du personnel de santé et du matériel médical. L’Association internationale du transport aérien (Iata)  a également fait des recommandations dans ce sens.

Pour le moment, Conakry est encore desservie par Air France, Brussel Airlines et Royal Air Maroc. Malheureusement, ce sont surtout les compagnies aériennes africaines qui ont suspendu leurs vols. Nous en appelons donc à plus de solidarité de la part des pays-frères africains. Ce n’est pas quand nous devons travailler, tous ensemble, pour endiguer l’épidémie, qu’ils doivent fermer leurs portes.

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Entretien avec le ministre guinéen des Affaires étrangères, Lounceny Fall.

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Vous avez tenu à venir, en personne, rassurer les autorités françaises et les dirigeants d’Air France. Pourquoi  ?

Il s’agit là de l’image de mon pays. Il est donc de ma responsabilité, en tant que Ministre des Affaires étrangères, de me déplacer et d’expliquer ce que nous faisons concrètement pour lutter contre l’épidémie. Car il y a une sorte de campagne médiatique outrancière, trop sévère, à l’égard de ce qu’il se passe réellement sur le terrain. Lorsque l’on compare la situation en Guinée, avec celles au Liberia et en Sierra Leone –  deux pays qui sortent d’une décennie de guerre civile -,  on voit que le système sanitaire guinéen, lui, ne s’est pas effondré. Des mesures ont rapidement été prises pour contenir l’épidémie et nous avons donné, à intervalle régulier, des statistiques sur son évolution.

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Qu’entendez-vous par “campagne médiatique outrancière” ? Les médias en font trop, selon vous ?

Exactement. La presse aime le sensationnel… En l’écoutant, on aurait presque l’impression qu’il n’y a plus de vie en Guinée, alors que c’est totalement le contraire. Lorsqu’il s’agit de questions aussi graves que celle-ci, nous devrions tous avoir le sens de la mesure et rendre compte des aspects à la fois positifs et négatifs. Il est important de dire que des moyens sont mis en place afin de lutter contre cette épidémie.

Il est vrai que le cas de la Guinée n’est pas la pire aujourd’hui, selon les chiffres de l’OMS. En revanche, c’est là que l’épidémie a commencé au début de l’année. Est-ce que l’État guinéen n’a pas sous-estimé la situation au départ ? 

Non. Aucun citoyen de notre région ne pouvait imaginer que le virus Ebola pouvait y surgir. C’est un virus qu’on ne connaissait pas. Lorsque celui-ci est apparu en Guinée forestière, les gens ont d’abord cru à des crises de paludisme et comme nous ne disposions pas de laboratoires adéquats, il a fallu faire les tests, à l’Institut Pasteur, à Paris. À ce moment-là nous avons pris conscience de l’ampleur que pouvait prendre cette épidémie et avons pris toutes les mesures pour endiguer sa propagation et former des médecins. C’est d’ailleurs ce qui explique les grands progrès réalisés depuis.

La Guinée a-t-elle reçu des doses du  sérum Zmapp (traitement expérimental américano-canadien) ?

Pas encore.

En avez-vous demandé ? 

Oui. Mais la production de ce sérum est encore très limitée. Le Libéria en a déjà reçu quelques-uns cependant. Nous travaillons avec les autorités américaines et je pense que nous ne tarderons pas à en recevoir. D’ailleurs d’autres pays commencent aussi à travailler sur des traitements, comme la Turquie et le Japon.

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Propos recueillis par Haby Niakaté 

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