Annonce du report de la présidentielle en RDC : une « provocation » pour l’opposition

L’annonce faite ce vendredi 7 juillet, à Paris, par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de reporter les élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RD Congo) au-delà de 2017 ne passe pas dans l’opposition. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti historique d’opposition congolaise, l’a qualifiée ce lundi de « provocation ». La Coalition de 33 ONG constituée en 2016 est aussi montée au créneau.

Corneille Nangaa, président de la Ceni en RDC. © Alain Wandimoyi/Monusco

Corneille Nangaa, président de la Ceni en RDC. © Alain Wandimoyi/Monusco

Publié le 10 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

« Corneille Nangaa est en train d’aider Joseph Kabila a atteindre son plan de s’éterniser au pouvoir. C’est une provocation. Ce n’est pas responsable », a déclaré à l’AFP Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS, le parti historique de l’opposition congolaise. « Nous n’allons pas nous laisser faire », a-t-il menacé. Pour l’UDPS, l’accord du 31 décembre signé entre la majorité et l’opposition reste la seule référence pour sortir la RD Congo de la crise née du maintien au pouvoir de Joseph Kabila dont le mandat s’est terminé le 20 décembre 2016.

Cet accord prévoit l’organisation de la présidentielle, des législatives et des élections locales simultanément avant la fin 2017, mais également la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition pour diriger un gouvernement d’unité nationale.

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Par ailleurs, la Coalition de 33 ONG qui exige depuis 2016 le respect de la Constitution, a également réagi à ces propos du président de la Céni. Dans un communiqué, elle « condamne avec la dernière énergie cette décision unilatérale, illégale et antidémocratique de M. Corneille Nangaa » et juge par ailleurs que cette déclaration « participe subtilement [à la pérennisation] d’un pouvoir sans légitimité depuis fin décembre 2016 et aggrave la crise politique et sociale en RDC ». La Coalition appelle au rejet de cette décision et enjoint les différents acteurs à faire pression en vue de « contraindre » la Céni au « respect » de la Constitution. La coalition réclame notamment la publication « sans délai du calendrier électoral ».

Pas de scrutin avant fin 2017, selon la Céni

Vendredi 7 juillet 2017, à Paris, Corneille Nangaa, président de la Céni, avait déclaré que l’organisation de ces scrutins ne sera « pas possible » avant la fin de l’année, « dans les conditions fixées par l’accord » de la Saint-Sylvestre. Il avait alors souligné que cet accord prévoit que les parties signataires s’engagent à l’organisation des élections « au plus tard en décembre 2017 », mais aussi que « le Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral, le gouvernement et la Céni peuvent unanimement apprécier le temps nécessaire pour le parachèvement desdites élections ».

Or, selon Corneille Nangaa, les conditions de sécurité dans plusieurs provinces du pays, notamment le Kasaï, ne permettent pas, pour l’instant, un déroulement correct des scrutins.

Âgé de 46 ans, Joseph Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter. Il se maintient à la tête du pays en vertu d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle, entérinée par l’accord de la Saint-Sylvestre. En 2016, l’UDPS et d’autres formations de l’opposition avaient multiplié des manifestations pour réclamer le départ de Joseph Kabila au pouvoir au terme de son mandat échu le 20 décembre 2016. Ces manifestations, majoritairement interdites, ont souvent été réprimées par les forces de l’ordre et ont causé des dizaines de morts.

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