Liberia : Ebola maître chanteur
La fièvre hémorragique a conduit George Weah à pousser la chansonnette. Comme d’autres sportifs avant lui. Pour le meilleur ou pour le pire…
Ebola a aussi ses avantages. Les risques de contagion à la fièvre hémorragique viennent de préserver le Sénégal d’un défilé de prétendantes françaises au titre de "Miss Nationale 2015". Bonne nouvelle si l’on se souvient du scandale provoqué, en 2012, par des reines de beauté belges venues se pavaner en petites tenues devant la Grande Mosquée de Casablanca. Si l’épidémie qui sévit en Afrique de l’Ouest empêche certaines personnes de se montrer, elle se révèle une aubaine pour certaines personnalités en mal de visibilité. Après avoir échoué à percer au plus haut niveau politique, George Weah rebondit comme un ballon de foot.
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Originaire du pays le plus touché par le virus et par les polémiques qui en découlent, l’ancien international libérien de football a décidé de dribbler la maladie à l’aide de ses cordes vocales. Considérant le virus comme une "guerre déclarée contre son pays", il a enregistré une chanson composée par le musicien ghanéen Sidney. Peu littéraires, les lyrics ont l’avantage d’être explicites : "Levons-nous tous ensemble pour combattre Ebola ; Ebola est bien là". Alors que certains Libériens expriment encore des doutes sur l’existence de la maladie, appeler à la vigilance et à l’hygiène n’est pas un luxe. D’autant que les recettes issues des ventes du single seront reversées au ministère de la Santé. Et d’autant que l’association créée par Weah organise la collecte de tout attribut de protection et de tout produit propice à la désinfection.
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Précédents musicaux
Nanti de son aura d’ex-sportif de haut niveau et de son statut d’ancien candidat à la présidentielle libérienne, Weah avait-il besoin de passer par le solfège ? N’oublions pas qu’en Afrique, tout finit en chanson, du griotisme à vocation politique à la rengaine de sensibilisation. Et si George Weah est le seul africain à avoir reçu le ballon d’or Fifa, il n’est pas le seul footballeur à avoir emprunté la route des studios…
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Pourtant, pour les anciens sportifs, la reconversion dans le showbiz prend souvent des allures de "Mort subite". Qui se souvient de "Solitude", la compilation des mises en musique des poèmes de Joël Bats, l’ancien gardien de but français ? Si la chanson "Je te survivrai" du Français d’origine hongroise Jean-Pierre François a laissé plus de souvenirs que sa carrière de footballeur, c’est peut-être moins pour la qualité de l’une que la banalité de l’autre. Quant à Cristiano Ronaldo, il n’a poussé la chansonnette que le temps d’une campagne publicitaire de la banque angolaise la BESA.
Si c’est pour le public angolais que la star portugaise a fredonné, c’est parce que l’Afrique admet le principe de la double étiquette professionnelle. La Côte d’Ivoire a adopté le chanteur Gadji Celli comme elle avait soutenu, en 1992, le capitaine de la sélection nationale lauréate de la Coupe d’Afrique des nations de football. Ex-président de l’Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire (l’UNARTCI) et ancien président du Conseil d’administration du Bureau ivoirien des droits d’auteur (BURIDA), il a déjà lancé onze "galettes” musicales.
Une bonne nouvelle pour les mélomanes ?
La reconversion artistique de Gadji Celli est aussi réussie que celle de Yannick Noah, lequel remplit les salles de concert tout autant qu’il remplissait les gradins des courts de tennis ; avec davantage de succès, en tout cas, que son "grand frère" franco-camerounais Roger Milla. Si l’ancien footballeur a marqué toute une génération -à commencer par Noah qui le citait dans sa première chanson "Saga Africa" -, ses tentatives musicales n’ont pas mystifié les tympans ; ni le sirupeux single "Sandy", ni le larmoyant "Un enfant, c’est la vie". De même, si chanter contre Ebola est une opportunité pour George Weah, elle n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les mélomanes…
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