La visite de Déby à l’Élysée critiquée par l’opposition tchadienne

Le président tchadien Idriss Déby Itno a été reçu par son homologue français, Emmanuel Macron, mardi 11 juillet, à l’Elysée. Les jeunes du principal parti d’opposition tchadien, l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), ont publié le jour même une lettre ouverte par laquelle ils demandent aux pays occidentaux, en particulier à la France, de cesser immédiatement « les soutiens de toutes formes au régime illégal et illégitime de Déby ».

Le président du Tchad Idriss Déby Itno, le 18 janvier 2017, au palais présidentiel. © Vincent Fournier/JA

Le président du Tchad Idriss Déby Itno, le 18 janvier 2017, au palais présidentiel. © Vincent Fournier/JA

Publié le 12 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

Le chef de l’État français, Emmanuel Macron, a reçu mardi 11 juillet 2017, son homologue tchadien, le président Idriss Déby Itno, peut-on lire sur le compte Twitter d’Emmanuel Macron. Une visite en toute discrétion, puisque les journalistes n’en ont été avertis qu’une heure avant et qu’elle n’a donné lieu à aucune déclaration. Seule information diffusée officiellement : la mention du sujet des discussions qui ont eu lieu entre les deux chefs d’État. Il s’agissait d’assurer le « suivi des décisions du G5 Sahel », assure le message diffusé sur Twitter.

Une réunion de suivi qui intervient quelques jours seulement après la réunion du G5 Sahel qui s’est tenue à Bamako, le 2 juillet dernier, en présence d’Emmanuel Macron. Les questions du financement de la future force conjointe antijihadiste ont été au cœur des débats, et le président français avait également profité de sa présence à Bamako pour annoncer le lancement d’un nouveau programme d’aide au développement dans le Sahel baptisé « Tiwara ».

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Au Tchad, la réaction ne s’est pas fait attendre. L’Union des jeunes pour le renouveau (UJR) du principal parti d’opposition tchadien, l’UNDR, a publié le jour même une lettre ouverte critique à l’égard des grandes puissances occidentales, en premier lieu la France, « soutien » de ce qu’ils nomment le « régime illégal et illégitime de Déby » et dénonçant « les fraudes massives et grossières » qui ont entaché, selon eux, les dernières élections.

« Le peuple tchadien est totalement pris en otage »

Dans cette lettre ouverte adressée aux ambassadeurs français, américains, allemands, suisse et de l’Union européenne au Tchad, l’UJR affirme qu’elle « ne lésinera pas sur les moyens pour l’instauration de la justice sociale et le rétablissement de la vraie démocratie au Tchad et tiendra pour responsables de ce qu’il adviendra, Déby et ses soutiens ».

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L’UJR dénonce également le fait qu’au Tchad, « l’administration est presque inexistante, les services de santé à l’agonie, l’éducation dans une situation chaotique » et elle soutient que « le peuple tchadien est totalement pris en otage par un groupuscule qui, chaque jour, emprisonne, détourne ».

« Le Tchad est un pays ami et partenaire »

L’ONG française Survie est également montée au créneau. Fabrice Tarrit, co-président de Survie, estime dans un communiqué que « voir le nouveau président français recevoir un dictateur emblématique de la Françafrique deux mois après son élection, c’est un signal désolant de continuité avec la politique de ses prédécesseurs ». Le co-président de Survie juge également que « le dogme de la « stabilité », qui a permis de justifier le soutien à des dictateurs qui laissent leur pays exsangue et sapent les efforts des forces démocratiques, a trouvé un nouveau promoteur. Avec des pratiques aussi éculées, Emmanuel Macron ne peut plus prétendre incarner la modernité en matière diplomatique ».

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Des critiques auxquelles le gouvernement français a tenu à apporter une réponse, ce mercredi, lors du point de presse quotidien qui se tient au Quai d’Orsay. La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Romatet-Espagne, a tenu à souligner que « le Tchad est un pays ami et partenaire». « Nous saluons son engagement déterminé dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel », a-t-elle ajouté, assurant que « la France est attachée, partout dans le monde, au respect des libertés fondamentales. Nous promouvons cette approche dans nos échanges bilatéraux réguliers avec le Tchad. »

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