Algérie : libération annoncée de Slimane Bouhafs, condamné pour « offense au prophète »

Condamné en juillet 2016 à trois ans de prison ferme pour « atteinte à la religion musulmane » après un message publié sur Facebook, Slimane Bouhafs, ancien policier converti au christianisme, sera finalement libéré avant d’avoir purgé la totalité de sa peine. Il a obtenu la grâce présidentielle.

Slimane Bouhafs. © DR

Slimane Bouhafs. © DR

Publié le 13 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

« Slimane Bouhafs a reçu la grâce présidentielle, considérée comme réduction de peine en Algérie. Depuis cette annonce, nous avons mis en place une procédure de liberté conditionnelle », a affirmé à Jeune Afrique Me Sofiane Ikken, l’avocat de l’ancien policier incarcéré. Mais l’avocat, qui est également membre de la Ligue des droits de l’Homme, prévient également que « le combat s’annonce difficile et long face à la justice concernant la demande de remise en liberté de monsieur Bouhafs ».

L’ancien policier qui avait été reconnu coupable d’« atteinte à la foi musulmane » et emprisonné voit sa peine réduite de 16 mois, a pour sa part précisé à Jeune Afrique sa fille, Tilelli Bouhafs. Il devrait, selon elle, retrouver sa liberté dans le courant de l’année 2018 et terminera sa peine dans la prison de Jijel, au nord-est du pays, dans laquelle il a été transféré il y a un mois.

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Condamné pour « prosélytisme non musulman »

En première instance, en juillet 2015, Slimane Bouhafs – converti au christianisme en 1997 – avait été condamné par le tribunal de Sétif à cinq ans de prison et à une amende de 100 000 dinars (814 euros) d’amende pour pour « offense au prophète » et « prosélytisme non musulman », suite à un message publié sur Facebook. Peine qui avait été réduite en appel, le 6 août 2016 : Slimane Bouhafs avait alors été condamné à trois ans de prison ferme.

Le 5 juillet dernier, date traditionnelle de l’annonce des grâces en Algérie, Tilelli Bouhafs a interpelé le juge en charge du dossier, pour savoir si son père faisait ou non partie des graciés de 2017. Le magistrat a alors refusé « catégoriquement » de lui donner l’information, précise la fille de Slimane Bouhafs. « C’est un ancien détenu qui est devenu un bon ami à mon père, qui a été libéré le 5 juillet, qui nous a téléphoné à l’annonce des grâces présidentielles, raconte-t-elle. Il nous a prévenu que mon père a bénéficié de 16 mois de grâce. »

 Il a subi des violences du fait de sa croyance

Une vraie surprise pour la famille du détenu qui ne s’y attendait pas. « J’étais très étonnée, vu les chefs d’inculpation et l’état de la société et de la politique algérienne aujourd’hui », s’étonne la jeune femme. « S’il doit encore purger 9 mois en prison, ça va être difficile pour lui car son état psychologique se dégrade. Mais on va l’encourager pour les quelques mois qui lui restent à la prison de Jijel. »

Le dossier de demande de mise en liberté conditionnelle doit être examiné ce mardi 18 juillet, selon la fille du détenu. « Si cela est accepté, il pourra être libéré à la fin du mois », espère-t-elle.  Son père vit en effet mal sa détention. Il a été transféré plusieurs fois d’une prison à l’autre. D’abord incarcéré à Sétif, il a ensuite été transféré à la prison de Constantine où, rapporte Tilelli Bouhafs, « il a subi des violences du fait de sa croyance ». Pour échapper à ces violences, son père a alors demandé le transfert à la prison de Béjaïa. Transfert « qui a été refusé et depuis un mois il est incarcéré à la prison de Jijel », conclut-elle.

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